Atlas des paysages Parc Naturel Régional du Morvan Retouner à la page d'accueil

Sur le vif : les termes du débat

Ce chapitre regroupe un ensemble d’interrogations recueillies lors des enquêtes. Ces personnes ont émis de nombreuses suggestions dont la pertinence, très inégale, est laissée à l’appréciation du lecteur. Les questions ont un intérêt en soi : elles constituent autant de clefs d’entrée avec des partenaires locaux pour des actions touchant au paysage.

Le lecteur pourra utilement se référer à la plaquette « Habiter en Morvan : un pays en héritage. Guide de rénovation et de construction ». Ce document édité par le Parc Naturel Régional du Morvan est paru en 2000. Rédigé par un architecte, Mathieu Debray, il apporte des propositions sur plusieurs points évoqués dans ce chapitre.

Le bâti ancien domine très fortement en Morvan. Un recensement effectué en 1990 estimait qu’en Morvan, moins d’une maison sur cinq avait été construite après 1950, et 70% des logements dataient d’avant 1915 (voir en bibliographie, Verlynde 1995). Son architecture massive et la pauvreté de ses matériaux ne lui permettent pas de rivaliser avec les bâtisses des pays voisins ; en revanche, c’est précisément la rareté des bâtiments modernes qui surprend et confère au Morvan un caractère décalé, hors du temps.
L’âge d’or démographique du Morvan est encore tout proche, et il a laissé derrière lui un patrimoine considérable de petits ouvrages. Le patrimoine bâti fait donc partie de ces nombreux « trésors cachés » peu médiatisés que chacun découvre au gré de son parcours morvandiau.

OĂą batir sans briser l'aspect du hameau ?

• Agrandir le hameau sans le dénaturer ?
Une solution pourrait consister à définir des axes de développement pour chaque hameau, en harmonie avec le hameau ancien.
Au départ, l’implantation des bourgs et des villages s’est effectuée en fonction de l’accès à l’eau, aux parcelles ; elle détermine en retour l’organisation agraire et les voies de communications.
Le hameau évolue ensuite au rythme des modes de construction ( matériaux, couleurs…), de la mise en place des réseaux, de l’usage des espaces publics.
L’éparpillement des petits groupes bâtis sans prise en compte des lignes de composition du paysage brouille la lisibilité de cette organisation.

« En fait, ce qu’il faudrait, dans 10 ans, c’est garder la même chose. » Notes de l’atelier sud Morvan, oct 2000.

Certains PLU (anciennement POS) n’autorisent la construction que sur une parcelle mitoyenne d’une parcelle construite. Cette règle limite le mitage, mais ne permet pas de préserver une façade traditionnelle à l’approche du hameau ancien, qui se trouve rapidement masqué par la construction d'une couronne de pavillons récents. Certains PLU interdisent l’usage de la couleur blanche en crépi, par trop ostentatoire.
Sur les piedmonts et les franges, les villages perchés sont très sensibles à l’emplacement des nouveaux lotissements et des zones d’activités. Le maintien de la structure groupée exige l’arrêt de l’urbanisation « en doigt de gant » souvent amorcée le long des axes routiers et nécessite la création de nouvelles rues concentriques autour des villages.

• Canaliser la pression urbaine aux portes du Morvan ?
Les portes du Morvan subissent une urbanisation marquée et récente, sans caractère particulier. Veiller à éviter certaines erreurs.
Pour exemples : Autour de Liernais, attention à l’extension de l’urbanisme linéaire entre les hameaux de Villars au nord et de l’Huis-Renaud au sud.
Les entrées dans Saulieu : traversées des zones artisanales ; résidences à Champcommeau ; la RD 210 après l’Huis Bouché.

• Construire autour du lac ?

Une attention particulière est à porter à l’habitat léger de loisir, même de taille très modeste, qui se multiplie et se répand près des sites intéressants : au bord des étangs, des rivières, dominant un lac, en belvédère sur une vallée…
La réglementation pourrait porter sur les dimensions, les styles, sur le recul par rapport à l’eau ou à la route, sur la visibilité depuis les berges.
Elle pourrait s’accompagner d’un aménagement global des berges qui permette de redonner une cohérence et une unité au site : surfaces de stationnement ou de détente, accès à l’eau, abords de bâtiments touristiques (hôtels, base de loisirs), avec une attention particulière portée à la nature et à l’implantation des équipements de service (cabine téléphonique, toilettes)…
Par exemple : à Brassy, tous les accès au lac sont privés, et le pourtour est classé en ND au POS, inconstructible.

Comment recréer de l'espace public de qualité ?

• Quelles règles pour l’espace public ?
L’espace public était autrefois important en Morvan, tant dans les bourgs (places de marché, villages-carrefours) que dans les hameaux (lavoirs, abreuvoirs, parcelles de bois d’affouage). Ces espaces, comme partout en France, tendent à être privatisés par les riverains ou à être sacrifiés au profit d’un élargissement de voie, de la création de quelques places de parking. Tous, c’est vrai, ne méritent pas d’être pérennisés en l’état, mais la question reste aujourd’hui comme hier, de réhabiliter certains de ces espaces, ou d’en créer de nouveaux. Dans tous les cas, leur signature paysagère est primordiale : elle en fait un bénéfice pour chacun, et invite à respecter l’espace commun.

• Comment mettre en scène le petit patrimoine sur ces espaces ?
• Quelle place accorder aux aires de collecte sélective ?
Ces dernières, souvent placées en entrée de village, attirent l’œil. Les conteneurs restent peu esthétiques malgré les efforts des fabricants. Le lieu de leur implantation peut en tenir compte, et un aménagement de leur abords peut atténuer leur impact visuel.
• Comment traiter les entrées de bourg ?

« Les règles pour les entrées de bourg restent à définir. Les réseaux EDF, téléphone sont très visibles, même s'ils sont parfois enterrés. » Notes de l’atelier nord Morvan, oct 2000.

• Quelles propositions pour les abords, les clôtures ?
Le bâti ancien est souvent implanté en alignement sur la rue, parfois relié à la maison voisine par un mur de pierre : cette logique d’implantation reste très rare dans le cas des constructions récentes. Le respect de cet alignement des façades permettrait pourtant une insertion harmonieuse des nouvelles habitations dans le hameau ou le bourg.
La couleur anachronique des toits et des crépis, l’usage systématique des thuyas autour des maisons peuvent rapidement faire ressembler un hameau morvandiau à un petit lotissement de banlieue.

Comment rénover, comment bâtir ?

• Lors d’une construction, d’une rénovation ?
Quelles règles de construction définir pour respecter et renouveler l’identité locale ?
* Le respect de rapports de volume, en proposant des règles d’intégration dans les cas de force majeure comme celui des bâtiments agricoles tout en longueur.
* Le respect des gammes de couleurs

« Les permis de construire ? Au départ, le projet ressemble souvent à un pavillon de banlieue. On arrive parfois à faire passer quelques idées simples : la couleur d’un crépi ; une allure en longueur ; une haie clôture plus locale… pour cela, il nous faut de bons croquis, avec plein de petits détails pour prendre en compte ces règles. » Un élu.

« Ce besoin de croquis avec des idées simples, ça vaut aussi pour l’entretien du petit patrimoine : comment l’entretenir « dans le bon sens » ? Notes de l’atelier sud Morvan, oct 2000.

« L'architecture était très belle à l'origine : petits volumes, faîtières, chaînages d'angle. Ces règles ont été mises à mal par des rénovations malheureuses. » Notes de l’atelier nord Morvan, oct 2000.

« Il faut vraiment sauvegarder tout le petit patrimoine en pierre . » Un maire.

« Comment faire pour le mettre en valeur sur le plan touristique, mais que cela reste adapté, intégré ? Il faut rester modeste, même concernant le bâti, il faut éviter la rupture avec l’ancien. » Un responsable touristique.



• Que proposer pour les anciennes granges ?
Le bâti agricole ancien n’est plus fonctionnel et se trouve souvent délaissé à proximité des fermes.

« Les anciens bâtiments agricoles sont mal entretenus ; ils s’effondrent ; beaucoup sont abandonnés. Que vont-ils devenir ? » Un agriculteur.


• Quels schémas de rénovation du bâti ancien proposer aux jeunes retraités, aux Européens du nord ?
Ces derniers, par exemple, utilisent des couleurs plutôt vives pour peindre leurs volets qui ne passent pas inaperçues. Les initiatives sont nombreuses mais d’où qu’elles viennent, elles sont critiquées. Ces critiques peuvent creuser le fossé culturel -et sociologique- entre les populations, mais peuvent aussi mener à un débat local fécond sur le devenir du paysage morvandiau. Dans d’autres régions granitiques d’Europe et de France par exemple, les couleurs vives des huisseries ont été intégrées comme « couleur locale » au début du XXe siècle. Encore faut-il qu’un modèle, quel qu’il soit, fasse l’objet d’un parti pris local en bonne intelligence et soit en conséquence reconnu et encouragé.

« Les retraités qui s’installent ne respectent pas le contexte local : crépis blancs, pavillons… c’est le syndrome des nains de jardin ! » Un maire.

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00