Ce chapitre regroupe un ensemble d’interrogations recueillies lors des enquêtes. Ces personnes ont émis de nombreuses suggestions dont la pertinence, très inégale, est laissée à l’appréciation du lecteur. Les questions présentent l’intérêt suivant : elles constituent autant de clefs d’entrée susceptibles de mener à une concertation avec des partenaires locaux soucieux d’engager des actions liées au paysage.
L’aménagement hydraulique a une longue histoire ici ; le massif a eu un rôle historique de « château d’eau » pour le flottage, pour la régulation du débit de la Seine. Le tribunal de Lormes est riche en jurisprudence sur les innombrables conflits d’usage autour de cette ressource.
A l’instar d’autres régions, serait-il possible un jour, que le Morvan parvienne à élaborer son image autour du thème de l’eau pure ?
Les lacs : comment concilier tourisme et qualité des paysages ?
La question d’un tourisme adapté reste un grand sujet de débat, bien au-delà des secteurs de lacs, mais les abords des lacs restent une référence souvent citée de ce que les uns veulent ou pas. Chacun insiste sur tel ou tel équilibre qu’il importe de respecter pour ne pas trahir le Morvan …ou les Morvandiaux.
- L’aménagement doit avant tout tirer parti du patrimoine existant, sans le défigurer. L’âge d’or démographique du Morvan est encore tout proche, en effet, et il a laissé derrière lieu un patrimoine d’aménagements considérable : bâti, aménagements agricoles, aménagements hydrauliques, forêts...
Ici, on part de l’ancien, on le rénove. Si on respecte cela, on sent que collectivement, ça fonctionne. Un responsable touristique.
- Un projet doit agir progressivement, se donner du temps
Comment faire pour mettre en valeur sur le plan touristique, mais que cela reste adapté, intégré ? Il faut rester modeste, même concernant le bâti, éviter la rupture avec comment c’était hier. Un responsable touristique.
• Comment mettre en place des aménagements doux, intégrés ?
L’exemple des Settons ne laisse personne indifférent. Le développement touristique y a plusieurs fois oscillé « entre trop d’aménagement et pas assez ». Un aménagement trop ostentatoire tend à spolier le caractère préservé du lac. Une carence d’infrastructures d’accueil sans réglementation a entraîné des dérives dans les années 1960-70 . Comment accueillir, et quels types de touristes accueillir dans ces paysages ?
La partie très aménagée du lac des Settons, par exemple, laisse une impression mitigée face à la mosaïque d’ambiances rencontrées sur ses berges : le paysage bocager et forestier est mité par par des installations touristiques situées le long de la route de berge (restaurants, locations de bateaux et de pédalos, campings, résidences secondaires…).
On préfère des touristes qui restent un minimum, qui reviennent, plutôt que ceux qui passent. On s’est battus contre les pédalos, les merguez frites. Un habitant, animateur touristique.
La commune a fait venir un exploitant avec des pédalos, des barques. Ca va dénaturer. Les kayaks, ça va, mais pas les pédalos. Un technicien habitant le centre Morvan.
Les grands aménagements propres aux sites de prestige semblent peu adaptés aux atouts et aux contraintes des sites Morvandiaux. Les touristes sont surtout des bourguignons venant se balader à petit budget, et quelques touristes venant de plus loin et restant quelques nuits. Il reste possible pourtant d’investir dans des aménagements doux, intégrés pour que le visiteur se sente accueilli, invité à rester quelques jours de plus : parkings, toilettes, poubelles, bancs et tables, chemins propres, signalétique des chemins, aires de pique nique…
« On a fait un sondage (vers l’année 1999, NDLR) sur le profil des touristes, sur leurs attentes. Ce qu’ils attendent, ce ne sont pas de gros équipements, mais le minimum d’investissements : « on tient à être accueillis ». Une professionnelle du tourisme en centre Morvan.
• Comment accueillir sans dénaturer le caractère sauvage du bord de lac ?
L’ambiance secrète qui règne par exemple sur le site de Chaumeçon repose sur la densité de la forêt en contact avec l’eau et à son accessibilité limitée.
La façon dont la route longe ou aborde le lac est déterminante : la couleur des revêtements au sol, le traitement de la végétation, la facture et l’emplacement des stationnements.
• Faudra-t-il bientôt recréer des sites de grande liberté ?
L’attrait des bords de lacs et au-delà, de nombreux paysages morvandiaux, reste le contact « sensuel » avec la nature et l’invitation à la grande liberté.
« L’image du Morvan, c’est une terre d’aventure. Peut-être faudra-t-il bientôt recréer des sites, même un peu factices, de grande liberté. Ici, le mythe, c’est le camping sauvage, la vie dans la nature. Savez-vous que des hollandais proposent des stages où l’on découvre la vie à la manière de l’homme de Cro-Magnon ! » Une animatrice touristique.
• Comment maîtriser l'urbanisation et la « cabanisation » autour du lac ?
Les abords des lacs sont des secteurs de forte covisibilité, l’impact visuel d’une constructions –sauvage ou autorisée- est déterminant.
Il faudrait éviter ici ce qui arrive autour du Cressent: la multiplication des cabanes, des garages. En s'appuyant sur le POS ? notes de l’atelier nord Morvan, oct 2000.
Attention aux équipements touristiques ostentatoires, et plus généralement à la disposition des maisons, des centres d’accueil, des parkings ; il est souvent possible de les disposer en retrait ou de les masquer. Un agent de la région Bourgogne.
Les cours d’eau : comment les rendre plus présents ?
L’omniprésence de l’eau dans le Morvan est très perceptible à l’oreille, d’autant que les chemins piétonniers longent les cours d’eau, croisent les ruisseaux, relient les étangs. Ces signes de l’eau sont beaucoup moins perceptibles depuis la route.
« Est-ce la chaleur, qui nous a fait rouler davantage la fenêtre ouverte ? Est-ce qu’aujourd’hui nous avons davantage marché ? C’est la première fois que l’eau paraît aussi présente à l’oreille : les glouglous de l’eau qui coule, ricoche et percole sur des chutes minuscules (la Cure) ; les chuintements des eaux stagnantes des prairies humides ; les bruissements de l’eau qui se faufile entre les hautes herbes d’un fossé ; les clapotis à la surface très calme des lacs et étangs… » Un paysagiste ; notes de repérage au fil de la marche
• Révéler la présence de l’eau souvent masquée sous la végétation
Dans le « Morvan des 400m » et dans la « Dorsale Boisée », où les paysages sont très forestiers, la présence de l’eau serait plus attractive si la ripisylve était coupée par endroits, pour laisser entrevoir les cours d’eau, notamment aux abords des ouvrages d’art.
Des sentiers bordant lacs et ruisseaux sont rouverts depuis quelques années ; ils sont signalés dans les dépliants touristiques.
Dans les vallées forestières encaissées des franges, le couloir étroit de prairie se faufile entre des coteaux boisés. Par endroits, des friches et l’apparition de refus dans les prés laissent craindre une fermeture prochaine du paysage.
Exemple : la vallée du Serein de la Motte-Ternant jusqu’à Courcelles-Frémoy