Panorama
D’AGREABLES VOIES PEDESTRES
Le premier contact sensitif avec le paysage se fait souvent à l’occasion d’un chemin non goudronné, où l’herbe pousse entre les traces des roues de tracteur. Un chemin qui se présente quand fatigué de conduire, les familles cherchent un arrêt. Ce chemin permet de se connecter aux sentiers existants, il fait le lien avec la route pour une pratique plus « douce » du territoire. C’est donc un maillon indispensable. Toujours entretenu il reste à une échelle humaine, et semble sécurisant: peu de boue, niveau égal, progression aisée, haies taillées, ambiances renouvelées…
UN CHEMIN DE TRAVAIL
Mais cet état attractif est le résultat d’un entretien soigné, car ce chemin à une fonction économique. Il permet d’accéder en tracteur aux nombreuses parcelles de prairies pour soigner les bovins (foin et eau), tailler les haies, ramasser le bois de chauffage des arbres plantés sur ces bords, fumer les prairies…
Les chemins étaient souvent entretenus hier comme « couloirs à animaux », entre deux belles haies denses. Cet usage est parfois caduc, mais pas partout. Le passage des animaux dans la rotation des prairies reste encore d’actualité. Moins de stress pour les animaux. Un nouvel usage apparaît, celui d’accès avec la citerne abreuvoir, qui nécessite un autre gabarit, très agréable comme chemin de ballade, celui du tracteur étroit. D’une agriculture dynamique dépend donc la pérennité de ces voies d’accès privilégiées au paysage.
« C’est souvent là que les haies sont taillées basses au carré. C’est pour faire passer les machines. Mais c’est aussi un régal pour le paysage.
Chacun a son broyeur. On nettoie en septembre. Les chemins, on fait les 2 côtés, y compris les communaux, sauf les routes. Pour les sentiers GR, on touche une rémunération du parc et de l'Europe ». Un éleveur de l’ouest Morvan.
Comment décrire ces chemins morvandiaux du début du XIXe siècle?
"Victor Petit évoque le chemin de Fachin à Glux ou à la Rochemillay: “Qu’on se représente un chemin pierreux, tortueux, montant ou descendant sans cesse, traversé à chaque pas par des ruisseaux venant du faîte des montagnes, bordé de haies vives ou creusé comme un ravin, et l’on aura ainsi une idée de l’un des meilleurs chemins de l’ancien Morvan. Que l’on juge, d’après cela, de l’état où devait être un chemin que les habi-tants eux-mêmes appelaient un ch’ti chemin (chétif). On ne pouvait y passer qu’en chariot attelé avec des boeufs; les chevaux n’y résistaient pas... La plupart des che-mins étant impraticables durant la saison pluvieuse, les habitants suivent d’étroits sentiers tracés au milieu des champs et des bois. Il est impossible à un étranger de s’y reconnaître”. Pour passer dans les trop profondes ornières, on les comblait de fagots ou de branches d’arbres .
Extraits de ,
Marcel Vigreux, 1998.