Le souci de maintenir un minimum de résidents permanents revient dans tous les témoignages.
ATTIRER DES ACTIFS ?
Les résidents permanents étant en majorité très âgés, il apparaît nécessaire d’attirer et d’intégrer de nouvelles populations actives. Le déséquilibre de la pyramide des âges résulte de deux phénomènes les « anciens actifs » locaux vieillissent au pays, et les arrivants sont surtout des retraités.
« A Brassy, nous sommes fiers de ne pas avoir perdu d’habitants au dernier recensement. » Un élu.
« Dans dix ans qui va rester en hiver ? Ca devient difficile même de trouver du bois de chauffage fait. Les agriculteurs en font de moins en moins. Pour moi c'est le signe annonciateur d'autres basculements.
Les gens qui bougent sont peu nombreux. Nous les jeunes, on n’est pas nombreux ! » Une jeune femme «néo».
« Si l’on veut que cela reste vivable en hiver, je me demande combien de résidents secondaires s'installeront ici à la retraite ? » Un élu.
Face à la flambée des prix de vente des maisons, comment conserver un tissu d’actifs, employés et artisans locaux ? Cela semble difficile sans un certain volontarisme local pour proposer à ces derniers l’accès à des logements locatifs. L’attachement des Morvandiaux à la propriété individuelle, s’il a su dessiner ce paysage de hameaux-clairières, montre ici ses limites.
« Le vieux bâti a tout été racheté en 5 ou 10 ans. Ca bloque l’installation en résidence principale : ce ne sont pas les mêmes populations, les mêmes revenus ! Une maison à 400, 500 kF (60 k€), ce n’est plus rare, et ça monte à 800 kF (120 k€) ! Ca chasse les Morvandiaux. » Une habitante de l’ouest Morvan.
« La pression sur les résidences secondaires fait flamber le prix du locatif. Au début, on voyait des gens racheter une ruine pas cher et venir pendant 15 ans pour le réhabiliter petit à petit. Aujourd’hui, même une maison à rénover coûte 400, 500 000 F. Les locaux ont du mal à acheter. Ici il y a beaucoup d’anciens, et plus de la moitié sont en-dessous du seuil d’imposition. Et il n’y a pas de marché locatif. »
Un maire.
PRENDRE ACTE DE LA RESIDENCE ALTERNEE ?
La résidence alternée, qui consiste à n’habiter le Morvan qu’une partie de l’année, en majorité aux beaux jours, concerne presque la moitié des logements du Morvan aujourd’hui. Elle témoigne de la rareté des emplois locaux, surtout en hiver, mais aussi de l’attrait que présentent ces paysages aux yeux de populations qui viennent parfois de très loin. Jusqu’aux années 1990, une part importante de ces doubles résidents avait connu le Morvan pour y avoir vécu ou passé des vacances durant l’enfance.
L’apparition de nouvelles populations du nord de la France et de l’Europe confirme l’attrait de ces paysages mais cette dynamique est fragile du fait que le Morvan s’y trouve en concurrence avec d’autres régions comme l’Auvergne, des Vosges. Ces populations soupèsent les atouts et les faiblesses du Morvan. L’un de ses grands atouts comme secteur de double résidence est sa position géographique à proximité de l’axe nord-sud européen, de l’autoroute A6 et de deux grosses agglomérations.
Une même préoccupation réunit sans doute tous les acquéreurs anciens ou nouveaux : pérenniser les qualités paysagères qui les ont attirés hier. Il en va de leur cadre de vie, mais aussi de la valeur de leur bien. Ces résidents, même partiels, même non-électeurs, ne peuvent rester indifférents à l’évolution de « leur » paysage.
« Vivre ici, ça vaut le coup si on a une qualité de vie, car on a aussi tous les inconvénients correspondants. Ce n’est pas pour se retrouver avec des sapins. » Un habitant du sud Morvan.
« A Uchon, les gens craignent d’avoir du résineux à 20m de leur maison » un élu.