La voie-couloir et ses fenêtres entr’aperçues
Les axes sont des couloirs encadrés de boisements, rythmés par des ouvertures de différentes natures : une fenêtre au détour d’un lacet sur un lac, une vallée ; un court tronçon en belvédère ; la traversée d’un lac, d’une clairière.
Quelques exemples :
- La route qui longe la Cure sur sa rive droite à l’aval du Vieux-Dun permet par exemple de longer l’eau sur un linéaire important, effet plutôt rare dans ce Morvan très boisé.
- La route longeant le lac de Chaumeçon (RD 6, 235, 519, ) entre Brizon et le barrage laisse entrevoir le miroir de l’eau en position haute ou basse.
- Les traversées de lac par le pont de Bruyère et les barrages.
- Les routes descendant vers la Cure.
Le réseau de chemins pédestres, qui restent les seules voies d’accès à une grande partie du paysage. De nombreux chemins d’exploitations existent aussi en raison de la faible taille des parcelles, mais restent en terrain privé.
Le point de vue inattendu
Les points de vues dans le Morvan sont comme les champignons : nombreux mais rarement signalés, plus ou moins éphémères, et donc plus ou moins réservés aux connaisseurs. Chacun a ses préférés, et il est arrivé plusieurs fois qu’en voulant nous y emmener, le Morvandiau que nous interrogions n’arrive plus à le retrouver, la végétation ayant repoussé ; ce qui ne l’a pas empêché d’en découvrir un autre au passage à la faveur de la taille d’une haie ou d’une coupe forestière.
A Brassy par exemple, toutes les personnes interrogées ont su localiser précisément trois points de vues panoramiques résultant de coupes rases récentes.
Les points de vues morvandiaux prennent des formes très diverses, et se prêtent rarement à des aménagements poussés :
- Certains sont accessibles par route, d’autres par un simple chemin qui n’est pas toujours officiellement ouvert au public…
- Quelques-uns sont pérennes, mais la plupart restent éphémères dans les années qui suivent une coupe forestière.
- La fenêtre se limite parfois à un point précis, mais elle s’étend souvent sur un tronçon de route ou de chemin en belvédère. Il serait souvent plus adéquat de parler de tronçons ou de secteurs en belvédère.
- Sur route, il est généralement difficile de stationner à proximité
Le degré de privatisation est fortement mis en avant dans la description : accès libre, passage privé pour « les habitués, les gens du coin » (avec une tolérance de fait), ou site totalement privé qui offre un accès privilégié au paysage pour son possesseur.
La lisière intime et animée
Lors des longues traversées forestières, l’horizon se limite souvent à la perception de la lisière : le soin apporté à leur gestion, leur variété, prennent donc une grande importance. Dans les virages, il arrive que la glissière brise l’harmonie.
La voie de découverte d’un espace ouvert
Certaines voies invitent à la découverte :
* Celles qui traversent ou longent les grands replats humides
exemple : la RD121 qui traverse la vaste cuvette de Gien-sur-Cure
* Celles qui empruntent le couloir d’une vallée (le Cousin), ou bien qui passent au dessus des cours d’eau en fond de vallée.
* Celles qui longent un lac, souvent très près (exemple : la RD 290) mais qui ont parfois des aménagements de proximité qui oblitèrent la qualité du site.
* Les rares routes en crête qui permettent de voir un lac de loin
la voie de Champ Gazon sur la commune de Montsauche-les-Settons ; la routes en crête de Saint Germain de Modéon.
Dans les vallées forestières, la route est souvent implantée sur un versant, en situation de belvédère dès que le paysage devient moins forestier.
Le chemin piétonnier propose une grande proximité avec ce paysage intime. Ses changements de rythme et d’ambiance tous les cent mètres aiguisent l’œil, mais aussi l’oreille et l’odorat.
Certaines pistes forestières forment des saignées tracées sans tenir compte du relief, ni des autres usages.
Notre chance ici, c’est que la propriété reste trop morcelée pour justifier des pistes partout.
Un habitant.