Le panorama entrevu
Dans ce relief de croupes arrondies, les points de vue sur les paysages environnants se font souvent à-travers un rideau d’arbres semi-transparent ; ils offrent de précieux points de repères :
- sur les bordures depuis le bord des coteaux boisés (vers le piedmont nord depuis le coteau de la Marche boisée, vers l’est depuis le coteau dominant le Ternin).
- sur des vallées formant de profonds sillons.
- depuis les hauteurs surplombant les lacs d’où l’on aperçoit de temps à autre le miroir de l’eau.
Dans les secteurs de feuillus, ces fenêtres s’ouvrent et se généralisent en hiver le long des routes de crête et des routes à flanc de coteau. En été, le feuillage referme ces rideaux ; ils sont alors réservés aux quelques endroits où la route domine une pente rocheuse aux arbres maigres.
La fenêtre issue d’une coupe forestière
La coupe rase ouvre parfois un panorama appréciable. Dans certains secteurs du Morvan boisé, c’est même parfois la seule occasion de découvrir un large point de vue.
Cette fenêtre s’ouvre parfois sur une petite clairière.
Dans l’été qui suit, le sol se couvre de floraisons spectaculaires. L’afflux de lumière au niveau du sol active la germination de nombreuses graines qui étaient en dormance dans l’ombre du sous-bois. Ces plantes de lumière vont ensuite disparaître sous les nouvelles plantations forestières.
De nombreux coteaux ont une grande importance dans la perception du paysage (limite, repère). Leur transformation (exploitation, plantations) reste donc sensible : coteaux de la Cure, de la vallée du Cousin, ceux entourant le lac de Saint Agnan, ...
Ces paysages forestiers où le taux de boisement dépasse 75 % sont marqués par l’étendue des massifs résineux qui contribuent généralement à l’artificialisation du paysage (lignes géométriques, confrontation brutale des lisières, coupes rases...). Cela est particulièrement perceptible depuis les franges de la dorsale boisée, là où les ouvertures du paysage permettent d’englober des vues plus larges.
La clairière au cœur d’un océan de forêts
L’entrée dans la clairière se fait au débouché d’un « tunnel » forestier ombragé. La route découvre alors l’étendue lumineuse, soit par un point haut, soit par un point bas où elle recroise souvent un cours d’eau. Ce contraste est toujours un temps fort de l’itinéraire.
Les traces du passé
Lorsque le chemin actuel emprunte le tracé de l’ancien chemin, le trajet est ponctué des traces de la vie laborieuse d’antan : un vallon avec tous ses fossés, ses talus et ses plesses, aujourd’hui noyé sous les voûtes d’une forêt de hêtre ; des murets, abreuvoirs, marquant les anciens carrefours, autour desquels chaque droit de passage a pu être âprement discuté.
Les branches horizontales des plesses, qui constituaient autrefois de solides clôtures, dessinent des corps aux formes fantastiques entre végétal et animal. Depuis leur abandon, s’y greffent des perches noueuses comme autant de membres en mouvement.
Le dialogue en douceur entre feuillus et résineux
Les lisières où alternent feuillus et conifères dessinent des formes douces aux parcelles, et relient harmonieusement une plantation de résineux aux feuillus qui l’environnent.
À une autre échelle, la lisière mixte permet de varier les ambiances le long des chemins ou des routes qui bordent la plantation.
La chaleur des premiers plans sur un fond bleuté
La beauté quelque peu dramatique de ce fonds sobre se révèle lorsqu’un rayon de soleil détache subitement un premier plan, dont la qualité de présence devient alors incomparable.
Ces qualités de lumière évoquent irrésistiblement les paysages de montagne, même si elles surviennent souvent à basse altitude dans le Morvan.
Les arrière-plans froids, souvent bleutés, sont dus à la forte présence de résineux sur les grandes pentes du sud-Morvan, mais également au voile bleuté qui résulte de l’humidité de l’atmosphère.
La grande montée dans la forêt
La qualité de silence diffère entre le haut et le bas du paysage.
Depuis les points hauts, le silence est étonnant, laissant apparaître le bruissement du vent, même faible, dans la ramure des arbres. Seuls quelques bruits épars remontent depuis les pentes en contrebas.
Depuis les points bas, le chant des oiseaux prend le dessus, accompagné par places de la mélodie d’un ruisseau souvent invisible.