Panorama
LA RESIDENCE SECONDAIRE
Les résidences secondaires représentent environ la moitié du parc de maisons dans le centre du massif. Beaucoup d’entre elles appartiennent à des enfants de Morvandiaux, même si l’on parle beaucoup de celles qui sont rachetées et réhabilitées par des « néos » originaires de Bourgogne, de Paris ou d’Europe du nord
De fait, la double résidence semble une façon de tirer parti du cadre de vie Morvandiau pour une large population de résidents secondaires.
Les morvandiaux craignent cependant la multiplication des hameaux entièrement désertés l’hiver.
« Sur ma commune il y a 80 foyers, 197 habitants. 60 résidences secondaires ». Un maire.
« Je me ressource quand je viens, mais je ne pourrais pas y vivre, par exemple à la retraite. Je ne résisterais pas à la solitude. Quelques jours, quelques semaines, c'est bien. Mais pas au-delà.
Cette maison, elle est faite pour accueillir. J'y accueille mes petites filles de 1 ans, 5 ans. On va voir les vaches ». Une enseignante résidente secondaire en Morvan.
« Les résidences secondaires, ça tue les hameaux : elles restent fermées 11 mois par an.
Les résidences secondaires, ça chasse les morvandiaux ». Un retraité.
« Au début, on voyait des gens racheter une ruine pas cher et venir pendant 15 ans pour le réhabiliter petit à petit. Aujourd’hui, même une maison à rénover coûte 400, 500 000 F. Les locaux ont du mal à acheter. Plus de la moitié des anciens, ici, sont en dessous du seuil d’imposition ; et il n’y a pas de marché locatif. » Un maire.
LA MAISON DE FAMILLE MAL ENTRETENUE
« Tout était à refaire. On a installé des sanitaires chimiques; une pompe à eau, on a réaménagé les pièces. On a fait travailler des artisans. On se chauffe à l'électricité, et avec du bois qu'on se fait livrer en 1m ». Un résident secondaire.
« Non habitées, les maisons se dégradent vite. On les conserve pour les enfants, la famille, il y a des conflits liés à l’indivis, certains veulent vendre, d’autres pas. Ça dure des années. Ici, on ne vend pas son patrimoine, ça ne se fait pas ». Un élu.
Dès 1962, on dénombrait 5 709 résidences secondaires en Morvan.
« Ces résidences secondaires (…) sont pour la plupart de vieilles maisons familiales réparées au cours des ans ; femmes et enfants y viennent pour un mois. Il faut noter toutefois qu’elles ne sont plus fréquentées tout l’été; très souvent, lors de l’arrivée du père, toute la famille part deux ou trois semaines vers la Côte d’Azur ou les plages ensoleillées. Les maires s’en plaignent amèrement. Malgré cela, on compte de plus en plus de maisons achetées par des citadins à la suite d’un séjour ou d’une randonnée ; depuis 10 ans (=depuis 1950) les maisons abandonnées se sont très bien vendues et particulièrement le nord-ouest du Morvan est transformé par la réfection de ces fermettes dont les façades de pierre, les volets de bois dénotent un goût bien différent de celui des retraités. Ces résidences secondaires représentent un fort pourcentage par rapport au nombre des résidences princi-pales. À Lavaut-de-Frétoy, Anost et Ménessaire, ce pourcentage atteint 70 % 7 résidences secondaires pour 10 habitations principales. Quelques villages du Morvan central et septentrional (Bazoches, Chastellux, Châlaux, Dun-les-Places par exemple) ont des taux de 50 à 70 %. Dans les autres villages, les pourcentages s’étalent de 20 à 50 %. Cette répartition s’explique aisément dans le Haut Morvan l’exode a été plus tardif et les nouveaux citadins hésitent encore à vendre la maison familiale. Dans les secteurs où les départs massifs sont antérieurs, les maisons ont été vendues à la deuxième ou à la troisième génération ».
J. Bonnamour 1965.