Atlas des paysages Parc Naturel Régional du Morvan Retouner à la page d'accueil

Eléments de méthode

Panorama

Eléments de méthode

LE TERRAIN : NECESSAIRE POUR UNE APPROCHE SENSIBLE DES PAYSAGES

Une vaste aire d’étude
L’aire d’étude contractuelle concerne le PNR du Morvan dans son ensemble, soit environ 100 communes réparties sur 4 départements. Mais le paysage ne s’arrête pas aux limites administratives : le territoire réellement étudié est de fait plus vaste et concerne environ 150 communes.


Un investissement nécessaire
Les paysages du Morvan sont pour l’essentiel très fortement cloisonnés : paysages bocagers, paysages de clairières où la forêt et très présente. Les horizons sont souvent très proches et ne facilitent pas une découverte où une lecture rapide des paysages. Aussi une forte présence sur le terrain s’est avérée indispensable pour faire le tour et pour comprendre les paysages morvandiaux.
Les tournées de terrain ont été effectuées à deux paysagistes, et sont essentiellement basées sur la perception depuis les routes, complétées par quelques itinéraires à pied. Comme tout cartographe, les notes sont prises au 1/50 000 sur le terrain, pour effectuer un rendu final au 1/100 000.

L'investissement de terrain en quelques chiffres
Journées sur le terrain : 160 jours dont 100 pour l'analyse, 10 pour les enquêtes et 50 pour les réunions.
Km parcourus : 10 000 km soit environ 100 km parcourus par jour de terrain pour l'analyse paysagère.
Photographies : 7 000 clichés soit 200 pellicules à raison de 2 pellicules par journée de terrain.

LA PRISE EN COMPTE DU PAYSAGE VECU DES HABITANTS ET DES ACTEURS LOCAUX

Trois types d’approches ont été utilisés :
Des questionnaires lors des comités techniques
Des questionnaires ont étés distribués lors des comités de pilotage( et par courrier avec les compte-rendus des comités) portant sur les attendus de l’atlas, sur les contenus, sur les personnes ressources à contacter…


Des enquêtes
Une vingtaine d’entretiens individuels semi-directifs, de 2 à 4 heures chacun, ont étés réalisés.
Chaque entretien était basé sur une liste de 20 questions clefs. Crayonnage au feutre de plusieurs couleurs sur cartes à différentes échelles (250 000, 100 000, 25 000). Lorsque cela était possible, une visite de terrain à pied ou en voiture était réalisée.
Supports d'enregistrement : Prise de notes, photos, croquis. Cartes crayonnées.


Des ateliers transversaux
Groupes de travail, sous forme de demi-journées de terrain réunissant plusieurs participants : Habitants, élus, gestionnaires, associations.
6 demi-journées animées conjointement par le bureau d’étude ( un paysagiste + enquêteur) et par le comité technique (paysagistes)
tournée de terrain, a pied / parcours auto.
Supports d'enregistrement: Prise de notes, photos, croquis, cartes crayonnées.

Groupes de travail transversaux

L'idée principale est de réunir autour d'un même paysage un groupe de personnalités d'horizons professionnels différents et donc d'approches de l'aménagement du territoire différentes. Le croisement de ces regards et de ces expériences permettra d’enrichir les échanges et peut-être de faire émerger des consensus favorables entre divers aménageurs et usagers du territoire, déterminants dans l'évolution des paysages Morvan.

30 à 40 personnes ont été invitées par le PNR à chacun des 6 ateliers d’une demi-journée chacun.


Composition
2 membres du Bureau d’étude (animation)
2 membres (minimum) du comité de pilotage
3 à 10 personnes-ressources locales, gestionnaires ou usagers (forestier, agriculteur, collectivité, routier, comité de tourisme, élus, associations…)
Programme
Chaque demi-journée, consacrée à un secteur du territoire, se déroule en trois phases :
1 h d’observation de terrain, par groupe de deux ou trois personnes mixant si possible les origines professionnelles, puis mise en commun : prise de notes écrites, sur les fonds de cartes fournis, croquis rapides .
Les degrés de liberté : Chaque groupe décide de l'endroit où il va. Une totale liberté est laissée dans le contenu des réponses.
mise en commun de ces observations .
1 à 1,5h de réflexion commune sur les paysages du secteur plus particulièrement étudié et enfin sur les paysages du Parc en général. Restitution par un rapporteur.

Quelques questions-clefs
Autour desquelles ont lieu les échanges dans l'atelier; ce sont aussi celles de l'Atlas:
Vous avez envie de faire apprécier ce paysage à un ami de passage dans ce secteur. Que lui montrez-vous ? Ce secteur vous fait-il penser à un autre par des ressemblances ? Par des différences ?
Vous avez découvert ce paysage il y a des années (combien ?). Voyez-vous des traces d'évolutions en cours ?
Vous revenez ici dans 10 ans. Y a-t-il des éléments que vous craignez de ne pas retrouver, et lesquels?

Compte rendu des ateliers transversaux

Quelques éléments de bilan de ces ateliers, autour des trois objectifs définis.

.Faire connaître le futur outil « atlas des paysages » et sa démarche
Une centaine de personnes ont reçu l’invitation et, en annexe, une brève présentation de l’Atlas.
Une quarantaine de personnes au total se sont confrontées à l’analyse sensible des paysages autour de trois questions-clefs.

.Créer des occasions d’échanges autour des enjeux de paysageCertaines personnes avaient simultanément plusieurs casquettes, par exemple élu local et habitant. Seule l’identité principale est reportée ici.
Les échanges avaient lieu d’abord par petits groupes de 2 à 4, suivis d’une mise en commun. Cette formule a permis de récolter un matériau abondant.

. Apporter une contribution au contenu de l’Atlas
Trouver un point de vue est facile lorsqu’on dispose d’un belvédère dominant(Petiton), parfois plus difficile car le site dont on se souvient a été à demi masqué par la pousse récente des arbres (Anost), parfois difficile, même pour les locaux car rien ne « s’impose », même si beaucoup de « coins » sont beaux (Settons, St léger, St Agnan).
L’échelle d’approche, sur un rayon de l’ordre du kilomètre, s’avère pertinente. Au sein d’un même site, les 3 à 4 groupes ont dégagé à chaque fois de nombreux caractères communs, mais les différents sites diffèrent bien les uns des autres.
La qualité d’expression des participants sur les paysages visités a pu surprendre même certains spécialistes de par leur pertinence. De nombreuses citations viendront illustrer l’Atlas, en complément de celles issues des entretiens individuels réalisés par ailleurs.
A l’échelle de l’ensemble du PNR, localiser différentes parties du PNR s’est avéré laborieux, même avec des supports de cartes. Si l’on excepte quelques grands constats consensuels comme le haut Morvan, les barrières calcaires, le recoupement des approches, des termes utilisés par les uns et les autres est resté difficile. Ce constat confirme à la fois la difficulté et l’intérêt de cet atlas.

CARTOGRAPHIER LE PAYSAGE AU 1/100 000°

# La question de l’échelle : rendre la carte « sensible » ?

· Qu’est-ce qu’une carte des paysages ?

« Le paysage et la carte
Il existe de grandes différences entre cartes et paysages.
La première différence est que la carte représente l’espace à une certaine échelle et que cette échelle est la même sur toute l’étendue de la carte. En revanche, le paysage, tel qu’il est vu et tel qu’il est représenté par la photographie ou par le dessin, se caractérise par un glissement d’échelles, depuis la grande échelle au tout premier plan jusqu’à des échelles de plus en plus petites vers l’horizon.
La deuxième différence est que la carte est une représentation de l’espace à deux dimensions, la troisième, les hauteurs, étant représentée de façon conventionnelle par des courbes de niveau. En revanche, le paysage est une vision de l’espace à trois dimensions. Alors que la carte est une vue
verticale (aérienne), le paysage est une vision horizontale ou oblique de l’espace (l’angle dépendant alors de la dénivellation entre le point d’observation et l’étendue observée).
La troisième différence (conséquence de la précédente) est que la carte représente de façon homogène une portion d’espace dans sa totalité alors que la vision (ou la représentation) d’un paysage est incomplète, des étendues plus ou moins considérables n’étant pas visibles de l’endroit d’où l’on observe. Ces espaces masqués sont une différence essentielle entre le paysage et la carte. » Yves Lacoste, géographe, « Lectures du paysage » INRAP, 1986.


Au 1/100 000, 1cm sur la carte représente 1 km sur le terrain : Difficile dans ces conditions de « représenter le paysage » sur la carte : il suffit d’imaginer tout ce qui peut se passer dans un km de promenade. Après plusieurs tentatives (cartes ci-jointes), nous avons opté pour une carte de localisation des paysages.

· Rendre la carte lisible
Au final pour être utilisée, la carte doit être compréhensible par tous (et pas seulement pour des «initiés»), cela impose :
La nécessité de repères « classiques » de la cartographie : les routes, le bâti avec la toponymie, exprimés par un code classique.
La nécessité d’éviter une surcharge graphique : le fond blanc des cartes IGN sur les terres agricoles est un non-sens en terme de paysage, mais il est très pratique en terme de clarté et de lisibilité du document : il y a donc un compromis à trouver entre sens et lisibilité.

· Cartes thématiques
Quelques cartes thématiques permettent d’apporter un complément d’information, qui surchargeraient la carte de synthèse.
Exemple : une carte pour la forêt où sont différenciés les boisements feuillus, les boisements de conifères et les boisements mixtes.

· Cartographie et informatique
La nécessité d’un calage précis de toutes les cartes utilisées dans le SIG, impose de réaliser tout le travail graphique sur des fichiers informatiques : car sur un support papier, il y a toujours des déformations du papier qui rendent le calage désastreux ensuite, après le scannage.

# La carte d’analyse des paysages du Morvan au 1/100 000e

Cette carte est constituée d’un fond de carte supportant des couches d’information issues de l’analyse paysagère sensible. Elle a pour objectif de faciliter la compréhension et la réappropriation de l’analyse paysagère par des personnes n’ayant pas ou peu de culture générale en la matière :
percevoir d’emblée quelques-uns des contrastes entre deux entités voisines. Il est impossible à cette échelle de prétendre restituer tous les contrastes perçus sur le terrain.
localiser d’un coup d’œil les entités, sous entités citées dans l’Atlas.

Les options retenues
La hiérarchie retenue résulte de l’analyse paysagère. Elle présente des variantes selon l’usage ultérieur prévu. Dans la deuxième version présentée, le travail graphique a cherché à restituer la hiérarchie suivante :

Au 1er coup d’œil :
- Localisation globale : Grandes zones boisées, Grands lacs
- Grands contrastes entre le cœur et les franges du Morvan : Relief général : encaissé, de plateau, de collines, de cuvettes ;
« Luminosité » des zones ouvertes : couleurs chaudes/froides-Ruptures franches et transitions progressives
- Les entités paysagères
- sous-entités paysagères
- Structures paysagères
- lieux particuliers

Vue plus approfondie :
- Contraste entre zones ouvertes et boisées : sombre /clair-Formes et taille des clairières délimitées par une lisière affirmée
- Relief local, et position respective des boisements et clairières en crêtes, sur les flancs ou en fonds de vallons.
- densité de ruisseaux, orientés ou non.
- Exposition des versants.
- Type d’implantation des villages par rapport au relief, aux cours d’eau…
- Degré de dispersion des hameaux-Cours d’eau dont la continuité est ici perceptible, là non.
- Disposition des routes principales
- Limites communales

LES ENJEUX PAYSAGERS

# Atlas de paysage/plan de paysage

Dés que l’on aborde la notion d’enjeux, on touche un point sensible, car chacun a des attendus et des espérances différents (voire divergents) sur ce sujet. Un atlas n’est pas un plan de paysage. Un atlas ne comprend pas un plan d’action validé par des décideurs politiques ou des acteurs locaux.
Il n’est pas là pour résoudre des problèmes, mais pour améliorer la connaissance et pour alerter: La notion d’enjeux est donc abordée comme un clignotant indiquant la nécessité de faire « attention à ».


# Dynamique du territoire et identité paysagère

Les atlas de paysages produits à ce jour, divergent énormément sur la détermination des enjeux paysagers.
Dans certains atlas, que l’on pourrait qualifier «d’atlas pour les aménageurs », les enjeux paysagers sont décrits uniquement par rapport aux dynamiques d’évolutions de l’occupation du territoire.
Dans d’autres se trouvent également des enjeux paysagers liés aux dynamiques d’évolutions de l’occupation du territoire, mais aussi des enjeux liés à la préservation de l’identité paysagère des lieux. Dans l’atlas du PNR du Morvan, nous nous sommes placés dans ce deuxième cas de figure.


# Deux familles d’enjeux
Clarifier les enjeux, ce n’est pas seulement les décrire. Le but est d’éveiller l’attention, de poser des questions, qui à terme, susciteront une prise de position par les acteurs territoriaux.
Deux critères déterminent la notion d’enjeux paysagers et les choix qui en découlent :

· L’identité paysagère: les précautions à prendre
Certains paysages ont des caractéristiques fortes dont la prise en compte est nécessaire pour préserver et développer l’identité des lieux dans les aménagements futurs ou le développement d’un secteur.
Le but n’est pas ici de figer le paysage, mais grâce à une reconnaissance de ses caractéristiques, d’être vigilant afin que les évolutions à venir se fassent en cohérence avec l’identité paysagère du site.

· Les évolutions à accompagner
Les paysages évoluent, ils ne sont jamais figés. Les changements qui s’opèrent au fil du temps, ont parfois permis l’émergence de nouveaux paysages de qualité, mais force est de constater que cela n’est pas toujours le cas. Bien souvent les évolutions sont insidieuses, non concertées et elles finissent par générer des paysages sans grand cachet.
Il est donc nécessaire de repérer les paysages en évolution afin que tous les acteurs concernés prennent conscience de ces mutations et puissent se concerter sur un projet de paysage commun, de qualité.

Enjeux paysages cartographiés au 1/25 000
Aire de co-visibilité rapprochée
Versant visuellement exposé
Versant boisé visuellement exposé
Axe visuel ouvert en fond de vallée
Point de vue remarquable
Route d’intérêt paysager, en crête, en versant, en fond de vallée
Visibilité des cours d’eau depuis les ponts et barrages
Ouverture autour des hameaux
Ouverture des fonds de cuvette
Espace ouvert en bord de lac sans ripisylve
Crète dégagée (non forestière)
Col, croisée de chemins
Développement urbain sensible
Flanc de coteau en mutation
Mitage bâti
Mitage par micro boisement
Obstacle visuel en fond de vallée

L’ARTICULATION ENTRE L’APPROCHE PAYSAGISTE ET LA RIGUEUR DE L’OUTIL INFORMATIQUE

Des cultures différentes.
Un exemple : la notion de « limites » entre deux entités paysagères : pour un paysagiste, c’est une transition entre deux entités, cette transition appartenant donc un peu aux deux parties (c’est une intersection entre deux ensembles)
Dans le SIG, il est obligatoire de la traiter à part comme un objet différent des deux entités.

Cette articulation entre deux cultures professionnelles s’est posée constamment dans le cadre de cet atlas. L’informaticien a fait une tournée de trois jours de terrain avec le reste de l’équipe pour VOIR et comprendre ce qu’il allait devoir saisir ensuite. Les paysagistes ont quand à eux essayé d’intégrer les contraintes et les atouts de l’outil SIG dans leur approche. Cet atlas se retrouve donc être un outil hybride entre une approche sensible des paysages et une base de données cartographiques informatisées.

Toutefois l’effort fait lors de la conception, ne doit pas dispenser les futurs utilisateurs d’acquérir un minimum de culture paysagère et informatique. Le Sig, utilisé sans un minimum de « culture paysagère » ne remplierait pas tout son rôle ; aussi est-il important de parcourir les autres outils disponibles dans cet atlas.


Exemple extrait du dictionnaire de la base de données du SIG concernant les entités paysagères :

ENTITES_PAYSAGERES
Définition :
A une échelle d’analyse donnée(ici, l’échelle du PNR du Morvan), portion d’un territoire présentant des caractéristiques paysagères distinctes découlant de la perception et de l’organisation des éléments suivant : morphologie, orographie, occupation des sols, nature d’organisation du bâti, nature et qualité des horizons, organisation du réseau hydrographique, … etc. Celles-ci l’identifient et le différencient des entités paysagères contiguës.
A l’intérieur d’une entité, des territoires hétérogènes peuvent être réunis, tant qu’ils respectent les caractéristiques principales de l’entité.
Cette portion d’un territoire distinct correspond à un premier niveau de subdivision d’un territoire d’étude.
Origine des données :
Mission de l’atlas des paysages, F. Bonneaud, S.Bertin, T.Schmutz, J.Vertès
Date de Mise à jour : novembre 2001
Autorisation d’utilisation : PNR du MORVAN
Eléments de connaissance cartographique :
projection Lambert2, système géographique français, méridien de Paris
unité de mesure : le mètre
Description des données :

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00