Atlas des paysages Parc Naturel Régional du Morvan Retouner à la page d'accueil

Les évolutions perçues

Les anciens chemins tombent en désuétude

• Ici on ne passe plus
Les menaces qui pèsent sur les chemins sont nombreuses.
Ils deviennent impraticables quand la broussaille obstrue le passage. Ils sont parfois annexés à une parcelle. Quand un agriculteur exploite des deux côtés d’un même chemin, il a tendance à s’approprier le chemin. Hors saison, des mares infranchissables se constituent, faute d’entretien des fossés.

« Les chemins se ferment. » Notes de l’atelier sud Morvan, oct 2000.

« On a 130 km de chemins sur la commune, en partie désuets. Les propriétaires ne les entretiennent plus, parfois depuis 30 ans. Ils sont âgés ou décédés. Alors la commune coupe la bordure, ça part en chauffage. Normalement, il y a obligation d’élaguer avant le 31 mars. Certains le font, d’autres pas. Souvent, quand on a exploité, le riverain en profite pour reposer une clôture ». Un élu du centre Morvan.

« Les chemins publics sont de plus en plus encastrés dans une même exploitation. Le type l’annexe. Oh, pas brutalement : il commence par mettre les 2 entrées de champs face à face. Ensuite, il barre le chemin aux deux bouts pour ne laisser qu’une tonne d’eau, laisser un passage permanent aux bêtes. Les animaux pénètrent, piétinent,… et il finit par annexer l’ensemble. » Un agriculteur.



• Là, le chemin reste accueillant et animé.
Le paysan entretient les cheminements d’accès aux parcelles selon plusieurs gabarits : chemin large sans branches sur 4 à 5 m de hauteur pour passer des machines de récolte ; plus fréquemment, le gabarit est celui qui permet le passage d’un petit tracteur portant une « tonne » d’eau pour donner à boire aux bêtes. Le plus étroit, souvent tombé en désuétude aujourd’hui, correspond à un simple passage de bêtes pour les conduire d’un pré à l’autre.
Ces chemins agricoles sont jalonnés de barrières de champs, murets, rigoles, sources, petits ponts, mares.


• Dans les sous-bois, la piste forestière remplace l’ancien sentier
La mise en andains par les engins forestiers efface d’un coup l’ancien chemin et le petit patrimoine attenant, les vieilles plesses, et jusqu’aux droits de passage. Restent des pistes creusées de profondes ornières tracées par les engins dans les parcelles, qui ne mènent souvent nulle part.
Beaucoup de coupes de bois entraînent la disparition des chemins. Une femme double résidente.


• Des nouvelles pistes de desserte forestière apparaissent
Un nouveau maillage apparaît : celui des nouvelles pistes de desserte forestière. Leur mise en place fait souvent l’objet de critiques virulentes. D’un point de vue paysager, l’existence de nouveaux projets dans un paysage représente à-priori plutôt une chance, en permettant d’affirmer de nouveaux axes, de nouveaux usages, en l’occurrence prioritairement économiques. Le tracé de pistes dans la forêt, en particulier, est un acte très puissant à la fois matériellement et symboliquement. A ce titre, il ne peut que renforcer ou briser les liens qui attachent la population locale à son territoire.

Leur tracé engage l’avenir, et justifie sans doute une attention particulière pour explorer les alternatives permettant :
• la meilleure conjugaison avec les lignes du relief,
• la connexion avec les cheminements pré-existants,
• la préservation de vestiges historiques sensibles,
• le renouvellement de points de vues.

« La charte du Parc Naturel Régional encourage l’effort de desserte forestière. La politique nationale en faveur des regroupements fonciers a été renforcée par la loi d’orientation forestière de juillet 2001. Le département de la Nièvre par ailleurs encourage l’acquisition de parcelles contiguës. » Note du CRPF

« Ce sont des saignées tracées sans tenir compte du relief, des anciens chemins, ni des autres usages » Un élu.

« Notre chance ici, c’est que la propriété reste trop morcelée pour justifier des pistes forestières partout. » Un agriculteur.

Les panoramas se raréfient depuis les routes

Certains points de vue signalés comme remarquables par les cartes touristiques ont bel et bien disparu ou se sont déplacés quelques centaines de mètres plus loin en fonction de l'exploitation forestière.
Plusieurs tendances concourent à la disparition des points de vue :
• Les hauts de buttes se referment suite au boisement du haut des versants, par plantation ou par enfrichement naturel.
• Les haies montent à l’aval de tronçons de cheminements en balcon.

A l’inverse, de belles fenêtres sont générées ici et là au gré des coupes rases ou de l’exploitation d’une haie.

La modernisation du réseau nuit parfois à l’harmonie

Sur les voies principales, la modernisation des grandes routes s’effectue parfois aux dépens de la qualité du paysage traversé ; trop souvent la route semble s’imposer dans le paysage avec un vocabulaire standardisé : talus raides, glissière de sécurité, médiocre qualité des ouvrages d’art…
Sur les petites routes, les rares interventions effectuées (requalibrage, rectification de virages...) révèlent la fragilité de l'équilibre du paysage : le relief chahuté oblige à de lourds travaux de terrassement qui brisent parfois l'harmonie d’un lieu remarquable ; la mise en place de glissières de sécurité modifie la perception du visiteur ainsi que son comportement...
Certains virages sont réaménagés ; les haies et arbres arasés sur ces tronçons ne sont pas remplacés.

Les abords de la route se banalisent

Les anciens aménagements vieillissent et ne sont pas renouvelés ou sont insuffisamment entretenus :
Les murs de pierre qui accompagnent les bords de routes du Morvan ont tendance à disparaître, soit parce qu’ils manquent d’entretien et s’écroulent, soit parce que la végétation les recouvre. Parfois, le curage excessif des fossés contribue également à saper leurs fondations et à provoquer leur éboulement.
Les structures végétales caractéristiques du Morvan qui côtoient les routes disparaissent par endroits :
haies hautes et basses remplacées par une clôture barbelée, arbres de haut jet dans la haie, alignements d’arbres sur les franges du Morvan...; certaines de ces structures sont menacées de disparition, notamment les châtaigniers, en alignements le long des routes ou isolé à la croisée de chemins, dont les
silhouettes bien identifiables sont caractéristiques du paysage autour du Beuvray.

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00