Atlas des paysages Parc Naturel Régional du Morvan Retouner à la page d'accueil

Les évolutions perçues

Le manteau forestier se rapproche

# Les fortes pentes se sont beaucoup boisées sur le tour des clairières

Les pentes se sont boisées ou enfrichées même quand la terre y était bonne. La forêt a rogné la clairière par les flancs.

« Les prés de pente sont boisés. La vieille voisine me racontait, qu’auparavant il y avait des prairies pour ses vaches à la place des sapins. » Une éleveuse « néo » .

« Les pentes se boisent ou s’enfrichent, et la fenêtre de vue se referme. On a de plus en plus de mal à voir quelque chose depuis un sommet » . Atelier sud Morvan, oct 2000.

« La lande gagne, surtout dans les clairières pentues au nord-ouest de la commune. Ca me désole. Ce sont pourtant de bonnes terres. Bon, c'est vrai qu'il y a de la pente. Hier, c'était bon pour une vie avec 56 vaches, 2 cochons, et pas de dépenses. C'est sûr que ces terres-là, ça n'est plus intéressant aujourd'hui ». Un élu du centre Morvan.

# Partout, les fortes pentes s’enfrichent

Sur les franges du Morvan, les pentes des buttes sont particulièrement sujettes à l’enfrichement des anciennes parcelles de vigne.


# Cette extension forestière massive semble très ralentie aujourd’hui

Elle est bloquée pour l’instant par la pression foncière agricole ; il subsiste cependant une extension forestière dans certains endroits. Ce rognage est plus insidieux qu’il y a 20 ou 40 ans.

« Par ici c’est encore la course à l’hectare. On n'est encore pas près de voir planter des mouilles. » Un habitant de Brassy.

« Les sapins ont avancé en 3 ans ! C'est une catastrophe. Ca renforce le côté triste. Hier, le mamelon était couvert de feuillus. Ils ont tout rasé, tout planté en sapins. » Une jeune habitante « néo ».

« La forêt reconquiert des surfaces sur l'agriculture » . Un élu du nord Morvan.

« Le paysage est assez stable. Ca ne bouge pas tellement ici. Il y a d’autres contraintes que les haies : le parcellaire, la pente, qui imposent un paysage. Il y a peu de friches, pas de plantation forestière récente. Les haies sont taillées. L’agriculture se maintient, mais avec des prés ; les parcelles cultivées auront bientôt fini de disparaître. La pression agricole reste forte. » Atelier sud Morvan, oct 2000

« Terres agricoles : leur surface évolue peu, c’est très progressif. Il y aura sans doute encore un peu d'enrésinement mais les primes à la Surface agricole freinent le boisement de nouvelles terres. Par exemple, une parcelle perdue dans un carré de bois se voit proposer des aides pour la culture cynégétique ; eh bien on constate que le besoin de surface, d'extensification, reste le plus fort. Les terres trouvent preneur : on est en zone de montagne ». Un propriétaire foncier du sud Morvan.

« L'évolution reste peu perceptible » . Notes de l’atelier nord Morvan, oct 2000.

On voit peu de vraies friches, mais beaucoup de signes d’un moindre entretien.

« Les parcelles sont abandonnées progressivement ou plutôt, sont de moins en moins entretenues : on voit des joncs dans les mouilles –encore que ça, c’est normal qu’il y en ait toujours un peu. Le paysan ne fauche plus les refus ». Un habitant du centre Morvan.

« Les lisières de forêt montent haut : les parcelles à côté sont condamnées, elles sont complètement à l’ombre. C’est le problème avec les carrés de sapins de noël.
Les haies ne sont plus remises à leur place. Sur les pentes, on vient juste faucher, on n’y met plus les bêtes. Parfois la fougère gagne, le genêt, ça peut faire des bandes de 6 m de large ». Un élu du centre Morvan.


De l’agriculture dépend la qualité des paysages de demain.

« Ce qui est facile d’accès, ce sera encore exploité demain. Les parcelles plus difficiles, ça s’enfriche, ça sera revendu. A Arleuf, il y a encore 14 exploitants, avec beaucoup de jeunes. Les terres valent bien 10 à 12 000 F(soit 1500 à 1800 €). Mais pas à Cussy : qui va reprendre ? » Un élu.

Les points de vue depuis les « hauts » disparaissent. Les pentes se boisent ou s’enfrichent, et la fenêtre de vue se referme.

La visibilité se restreint lentement au sein de la clairière

# Les prés de fond se ferment

La friche et la saulaie progressent en dépit d’efforts d’entretien. Des fossés ont été creusés afin de rétablir un intérêt agricole à des prairies humides, avec un résultat controversé.

« Il y a eu des erreurs faites sur les ruisseaux : des curages dans de la tourbe ou de l’arène ; l’andain reste visible comme une saignée, et comme il ya de gros afflux, ça se rebouche rapidement. D’autant que les bêtes les traversent, les abîment ». Un agriculteur.

Certains fonds de vallée ouverts sont en sursis. Certains se boisent à Chamboux, Alligny. D'autres sont bloqués pour l'instant au moins par des zones Natura 2000.

« Beaucoup de propriétaires sont en train de basculer, veulent boiser. Il y a 50 ans, ils n'auraient jamais envisagé de boiser "la plaine". Un forestier.

Le processus est lisible dans plusieurs secteurs :
Dans la dorsale boisée :
- Dans la vallée du Cousin, la progression des saules en fond de vallée pourrait effacer progressivement la lecture du coteau ouest.
- L’échelle de perception de la clairière de Saint Brisson se resserre.
Dans le Morvan des 400 m :
- Entre le Moulin de Certaines et le Moulin de Vauclaix, le fond de vallée se referme en présence de peupleraies et de terrains qui s’enfrichent. La vallée perd alors toute lisibilité, ce qui banalise le paysage.
- dans la « vallée secrète » du Ternin, et dans la haute vallée, entre Fétigny et Palaizot.
- Dans la vallée au sud de Lucenay-l’Evêque.
- En fond de la vallée de la Plaine en deux endroits.

# Les fenêtres de vue se raréfient depuis les points hauts

Les pentes se boisent ou s’enfrichent.

« On a de plus en plus de mal à voir quelque chose depuis un sommet ». Atelier sud Morvan, oct 2000.

« Certains paysages sont en cours de "fermeture" : Les Settons, Anost, La Pierre qui Vire : on essaye de ménager quelques fenêtres, sans plus ». Un forestier.

# Les haies montent dans les pentes peu accessibles

Les haies sont de moins en moins taillées. Les haies hautes masquent les vues. On a de plus en plus de mal à trouver un point de vue, et à voir loin.

« Les haies sont remontées. Autrefois on les coupait pour ramasser leur bois, et on en profitait pour entrelacer les épines noires, les épines blanches. Mais à l’époque, on avait 6 ou 7 vaches laitières, 18 ha. Aujourd’hui on entretient 100 ha, on n’aurait plus le temps de faire ça ! » Un agriculteur.

« A Montsauche, c’est moins entretenu qu’à Anost. L’abandon de l’entretien des haies va de pair avec l’apparition des joncs dans les prés. » Atelier centre Morvan, oct 2000.

« Les haies ont toutes sortes de formes. Faute d’entretien bien pensé, et/ou signe de moindre entretien ». Notes de l’atelier nord Morvan, oct 2000.
« Haies basses, haies montantes, les deux ont leur charme ». Un habitant du nord Morvan



# Les haies sont taillées basses au carré dans les bas de pente

La taille des haies au carré s’est généralisée dans les pentes faibles depuis l’arrivée des broyeurs, en 1975-80.

« L’apparition des broyeurs, ç’a été vécu comme un soulagement. C’est vrai qu’il y a aussi une jouissance à dominer : j’impose une forme, et la machine passe coûte que coûte, même là où on n’arrivait plus à passer il y a quelques années. Beaucoup de gens trouvent ça beau. Est-ce qu’ils y sont sensibles eux-mêmes ? Probablement que oui.
D’abord, ils ont tout mis au carré. Après, ils entretiennent. Sauf les haies inaccessibles aux broyeurs : ce sont les dernières haies hautes, dans des mouilles, dans les pentes. »
Un technicien agricole.


La haie est parfois tellement taillée qu’il n’en reste plus que des ronces

« Les haies "3 faces" se répandent : on voit de plus en plus de ronces autour des barbelés, l'épine meurt. On a subventionné des barrières en métal aux agriculteurs avec le FGER ! » un forestier.

# Le bois en timbre-poste fait obstacle

Le paysage de petites parcelles bascule lentement vers un semis de bosquets résineux. Les carrés de résineux et les friches négligées montent et referment la vue de la clairière.
Ces micro-boisements ferment le paysage, diminuent les vues et donc banalisent la perception en unifiant le paysage dans une masse fortement boisée.
La progression des micro-boisements est surtout sensible dans les secteurs où les ouvertures sont minoritaires (à l’est du lac des Settons) ou bien au sein des clairières habitées tel qu’aux alentours de Vieux-Dun. Il en est de même le long des axes routiers qui constituent souvent la première approche du territoire.
D’anciens sapins de Noël referment souvent la vue vers les lacs. Des prés entiers sont plantés de jeunes sapins de Noël, particulièrement en contrebas de la route. S’ils montent, la route ne sera plus qu’un couloir continu dans les bois.

Exemple : Au pied de Château-Chinon et surtout au sein de la cuvette d’Arleuf, plusieurs micro-boisements de conifères ont été plantés au sein de l’espace agricole. Le paysage est ainsi cloisonné par ces parcelles qui, si elles ne représentent qu’une faible superficie, ont en revanche un impact visuel très important.

« Les deux clairières sont coupées maintenant : Bussy, et Anost. Hier ce n’étaient que des champs ». Atelier centre Morvan, oct 2000.

« Les sapins ne sont pas toujours coupés à 8 ans : C’est une culture spéculative, alors si le cours n’est pas bon quand ils sont mûrs, ça ne paye plus la coupe. Alors, ça bascule souvent vers un boisement, et aucune procédure ne permet vraiment d’intervenir. » un élu.

« Il y a de plus en plus d’arbres, trop. Certains se plaignent des coupes de sapins ? Ce n’est pas un problème pour moi. Bientôt il faudra demander l’autorisation pour couper un arbre. Mais il y a encore trop d’arbres ici, regardez ! » Une habitante du centre Morvan.

Le caractère de « petite campagne » perdure

# La vache anime le tableau

Les silhouettes blanches des charolaises, rendent vivant ce paysage parfois vide d’homme.
Ces paysages sont restés relativement à l’écart de la grande envolée du revenu agricole, dans les années 1960-1980. L’éleveur a résisté au modèle de l’endettement pour des bâtiments, des salles de traite, des gros drainages, préférant se consacrer à l’amélioration génétique de son troupeau, son principal capital, et de ses rations alimentaires. Le Morvandiau a souvent nourri une méfiance à l’égard du productivisme et des banquiers, en marge des grands modèles agricoles. Cela le ramène au-devant de la scène à l’heure où l’on prône une extensification agricole en harmonie avec le paysage. Le système d‘élevage allaitant est aujourd’hui l’un des seuls systèmes modernes de valorisation du parcellaire complexe Morvandiau.

« Y’a pas plus naturel comme élevage mais le comble c’est que les trois quarts des ventes, ça part pour être engraissé en batteries en Italie ». Un agriculteur.


# Les barrières se modernisent

Le circuit parcouru par les bêtes évolue rapidement. L’agrandissement récent des exploitations, à mesure de l’arrêt d’activité des voisins, a facilité une forme de regroupement naturel des terres. Les bêtes peuvent ainsi souvent être déplacées d’un pré à l’autre sans passer par un chemin.


# Le bâtiment agricole s’impose

Les nouveaux bâtiments agricoles se remarquent : stabulations, hangars. Ceux qui ont assisté à la baisse très brutale du nombre d’agriculteurs depuis 30 ans voient positivement les bâtiments, signes d’un projet. Tous souhaitent que l’on ait atteint un nouvel équilibre avec, au minimum, un agriculteur par hameau.
Les nouvelles stabulations attirent l’œil.

« Ce qui a disparu, c’est les charrettes de foin, le lait pris sous la vache. Ce qui est apparu : les stabulations ». Une habitante du sud Morvan.

« Remarque, c’est signe de vie économique ». Un employé non-agriculteur.


Les nouveaux aménagements sont souvent mal intégrés.

« Autour du lac des Settons, on trouve des aménagements divers sans effort d’intégration : routes recalibrées, stabulations, antennes. On en voit de toutes les formes, toutes les couleurs ». Notes de l’atelier nord Morvan, oct 2000.


# L’arbre isolé cède la place au poteau

Majestueux, les arbres isolés sont souvent très vieux ; ils jouent un grand rôle dans le paysage : au sein des parcelles agricoles, ils constituent des repères et des points d’appel pour le regard. Ils sont aujourd’hui menacés de disparition par vieillissement : il n’y a plus de sélection de jeunes arbres au sein des haies : chênes vers le nord ; châtaigniers autour du Mont Beuvray.

« C’est la fin des arbres isolés : ils sont progressivement abattus, non remplacés ». Un forestier.

« Les derniers châtaigniers disparaissent ».

« Quand il n’y a plus d’arbres, on ne voit plus que les poteaux électriques. Ca, c’est quand même un problème dans le paysage ». Notes de l’atelier sud Morvan, oct 2000.

« Les poteaux EDF, Telecom, sont vraiment des points noirs dans ces paysages. » notes de l’atelier nord Morvan, oct 2000.

L’horizon s’ouvre sur les franges du Morvan

# Les crêtes restent ouvertes

Sur les franges du Morvan, les aires de crête sont dégagées et structurantes, de même les secteurs de col. Mais les pentes se boisent ou s’enfrichent, et la fenêtre de vue se referme.


# Des secteurs sans haies apparaissent

Sur les franges, le maillage bocager s’élargit, se disloque petit à petit. La place de l’arbre redevient la ligne sombre et immuable des lisières de bois, et le paysage rejoint la grande catégorie moins prisée des paysages français de « gâtine » ou d’openfield.

Cette évolution n’est pas uniforme : certains fonds de vallons restent encore fortement bocagers, tandis que des sommets plats sont entièrement en culture. Deux évolutions remettent en cause son avenir :
- Sur les meilleures terres, le paysage est en voie d’ouverture avec un agrandissement des parcelles, accompagné d’une disparition des haies au profit des clôtures barbelées, ou de parcelles cultivées, non closes.
- Partout, le renouvellement des arbres et des haies semble absent, ce qui les condamne à disparaître dans l’avenir.

« Les haies disparaissent.» Un élu du nord Morvan.

« Sur la commune, il reste pas mal d’agriculteurs, mais on commence à voir des agriculteurs de communes voisines qui viennent exploiter des terres ici. Certains coupent tout, ou passent tout au glyphosate des qu’ils peuvent regrouper des parcelles. D’autres non. » Un élu local.

Cette évolution est particulièrement marquée dans certains secteurs :
Dans les piedmonts :
- La vallée de la Cure semble avoir une agriculture en mutation : on observe d’un coté une diminution de l’entretien des structures bocagères (évolution vers des haies hautes, quelques enfrichements) et de l’autre formation de grandes parcelles de prairies avec clôtures électriques et barbelées.
- Entre Marigny et Quarré apparaissent de grandes parcelles de « ranching » et de culture.

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00