LIMITES
Cette entité forme une continuité du Massif du Morvan vers le Massif Central. La montagne Autunoise est séparée du massif du Mont-Beuvray par la vallée de l’Arroux. Le substrat géologique est granitique, et la géomorphologie reprend les traits de caractère du Morvan central.
Vers le Nord : la marche boisée du massif de Montjeu
Le massif de Montjeu forme une marche boisée qui débute dès les hauteurs de la ville d’Autun (380m) et s’élève pour former le plateau boisée (570m). Cette rupture franche marque le changement de paysage, passant d’une plaine ouverte aux larges vues à un milieu forestier fermé, au relief plus mouvementé. Cette marche est très fortement visible depuis les environs d’Autun, donnant ainsi à la cathédrale une position dominante et ancrée sur le coteau boisé.
Vers l’Est : le plateau d’Antully
A partir de la forêt domaniale de Planoise les Feuilles, la forêt s’ouvre vers un paysage de bocage, aux vues plus ouvertes donnant vers Antully. Ce plateau domine Autun situé en contrebas. Le relief est moins tourmenté malgré un réseau de ruisseau dense.
Au Sud : la plaine industrielle
La montagne autunoise s’abaisse progressivement vers la plaine industrielle du bassin du Creusot et Monceau-les-Mines. La limite se distingue naturellement le long des lignes de crêtes qui permettent de dominer cette vaste étendue. On laisse alors derrière soit un paysage semi-ouvert aux boisements omniprésents pour dominer un paysage très ouvert aux vues très lointaines et profondes.
Vers l’Ouest : les contreforts du massif et la vallée de l’Arroux
L’entité trouve sa limite Ouest en pied du massif boisé orienté Nord-Est Sud-Ouest. Il s’agit d’une limite de type piedmonts, qui distingue un massif boisé relativement élevé de la vallée ouverte de l’Arroux. Les villages de La Chapelle-sous-Uchon, La Tagnière, Toulon-sur-Arroux marquent ce piedmonts en formant des portes d’entrée sur l’entité paysagère.
PREMIERES IMPRESSIONS / PORTRAIT SENSIBLE
UNE MONTAGNE SURGISSANT DES PLAINES : LA CONTINUITE DU MORVAN
Un relief élevé contrastant avec les vallées
La vallée de l’Arroux sépare nettement la montagne Autunoise du sud Morvan. Cette montagne s’élève rapidement, avec une pente moyenne de 12%, depuis ses contreforts venant mourir dans la vallée de l’Arroux jusqu’au sommet du massif, où le point le plus haut atteint 673m (bois au-dessus d’Uchon). Cette élévation rapide rend la montagne Autunoise d’autant plus imposante qu’elle contraste avec les fond de vallée plats qui l’entourent. On se retrouve ainsi rapidement sur les hauteurs de la montagne, dominant l’ensemble des paysages environnants.
Une présence marquée du granite
Ce caractère montagneux est renforcé par la présence du granite qui affleure en de nombreux endroits, dont le plus connu : les Rochers du Carnaval (Uchon) offrant un spectacle de chaos granitique issu des phénomènes d’érosion entre les blocs. Le sol est relativement pauvre et peu profond, principalement constitué d’arène granitique, des blocs rocheux parsèment les forêts et les prés, les constructions sont en pierre de granite. Cette forte présence de blocs granitiques a développé une ambiance féerique, inspirant les contes et légendes et donnant des noms à ces rochers : la griffe du diable, la pierre qui croule, la chambre du boa, le salon du diable, le mammouth, …
UN PAYSAGE FORESTIER ET INTIME
L’omniprésence de la forêt
La combinaison du relief, des sols, du climat engendré par la montagne offre une situation propice au développement de la forêt. Celle-ci a suivi les évolutions de la population rurale et a connu une forte progression suite à l’exode rural, mais a toujours été présente sur les secteurs en forte pente. A l’origine principalement essences feuillus, ceux-ci ont été en de nombreux secteurs remplacés par des conifères. Les espaces ouverts sont rares, l’habitat est entouré de toute part par la forêt, les clairières sont de petite taille les fenêtres sur le paysage sont peu nombreuses sauf à partir de certains points hauts dégagés. C’est une atmosphère de confinement qui se dégage, renforçant l’esprit des lieux légendaire.
Un bocage présent sur les marges
En dessous de 400 – 500 m, la forêt est moins présente laissant la place à un bocage structurant une agriculture d’élevage extensif. Sur les pentes, le bocage suit les courbes de niveaux et souligne les talus, donnant ainsi une lisibilité au relief et à l’organisation de l’habitat. Dans les vallées, le bocage cloisonne parfois les vues en formant une barrière naturelle. Les routes et chemins, en milieu ouvert, sont accompagnées de haies de chaque côté. Ce bocage a un faciès typiquement morvandiau : haies basses taillées au carré (brosses), haies plessées (pléchies) dont certaines très belles à découvrir.
DES VALLEES STRUCTURANTES ET CERNANT LE MASSIF
Les axes visuels majeurs
La vallée du Mesvrin entaille la montagne Autunoise en s’écoule d’Ouest en Est vers l’Arroux. Elle sépare ainsi nettement les deux sous-entités paysagères : le massif de Montjeu, le massif d’Uchon. Cette vallée s’élargit progressivement de Marmagne à Mesvres et donne lieu a un paysage large et lumineux. Par sa grande largeur, elle offre des vues assez dégagées, en donnant de nombreux points de vue sur chacun des massifs boisés. C’est un axe d’entrée au cœur de la montagne Autunoise, qui dessert ensuite de nombreuses vallées secondaires. Hormis la carrière de Marmagne qui balafre cet axe visuel, le paysage reste clair et lisible tout le long de la route et de la voie ferrée qui emprunte cette vallée.
Les vallons étroits et nombreux
De nombreuses autres vallées, qui alimentent le bassin de l’Arroux, entaillent ce massif forestier, dont les indentations tourmentent le relief. De dimensions plus faibles, elles permettent un accès plus intime au massif, passant progressivement d’un paysage ouvert, bocager, à un paysage se refermant sur un relief plus tourmenté. Selon leur situation, certaines vallées offrent une ambiance très forestière rendant leur perception plus difficile (vallée de Toulongeon, vallée des Breuillots), et d’autres se présentent sous une vallée étroite bocagère desservant les hameaux, aux vues réduites et limités à quelques parcelles de prairies (vallée du Brume, vallée du Rançon).
UN HABITAT PEU DENSE, SURTOUT PRESENT DANS LES VALLEES
Deux grands types d’habitats
La configuration particulière de l’entité permet de trouver deux principaux types d’habitats. Dans les vallées, les bourgs de fond de vallée sont nombreux et importants. Implantés sur les axes principaux de circulation, ils regroupent l’essentiel de la population qui y trouve les services et commerces de proximité, et des infrastructures de qualité pour les besoins en déplacements. Hormis Broye qui est éclaté sur les deux versants de sa vallée, ces bourgs sont organisés de façon classique, autour d’un centre urbain où l’on retrouve l’Eglise et la Mairie. Tout aussi nombreux mais bien moins denses en population, les bourgs repères sont perchés sur des points hauts du massif plus ou moins dégagés. Il s’agit là d’un mode d’habitat plus rural et isolé, où se retrouvent principalement les acteurs agricoles et les résidences secondaires.
Une activité forestière et agricole importante
La forte prédominance de la forêt engendre une activité sylvicole importante, d’autant plus que certains secteurs ont évolué vers une sylviculture intensive du résineux. Au stade actuel des peuplements forestiers, les évolutions du paysage commencent à se faire sentir au travers de coupes définitives, d’éclaircies ou de parcelles en régénération. C’est ainsi que certaines ouvertures apparaissent, mais aussi que certains pans de collines se mettent à nu en modifiant fortement le paysage. En complément de cette importante ressource bois mobilisant des hommes et offrant des perspectives de valorisation des produits forestiers, l’agriculture tient également une place importante, notamment dans les vallées ou sur les contrefort de la montagne. Il s’agit d’une agriculture d’élevage extensif, qui par son activité permet le maintien des prairies permanentes et l’entretien du bocage.
SOUS-ENTITE PAYSAGERE : LE MASSIF DE MONTJEU
Un massif très forestier et secret
Le massif de Montjeu est quasi exclusivement recouvert par la forêt, et très peu de routes le traverse, rendant ainsi sa perception délicate. Les clairières sont rares et de petite taille, dégageant ainsi une atmosphère sombre et austère. Le domaine du Château de Montjeu occupe une place prépondérante au milieu du plateau forestier, son accès est rendu impossible par une ceinture murée imposante. Ce domaine d’aspect secret renforce la difficulté de cerner le massif forestier. La vallée de Broye permet une transition vers un paysage semi ouvert, où la forêt est encore largement présente, mais les vallons entaillés laissent la place aux prairies permanentes, aux haies implantées selon les courbes de niveau.
Un relief en plateau élevé
Le plateau boisé oscille entre 500 mètres et 662 mètres d’altitude sur une vaste étendue. Cette configuration permet à la forêt de couvrir un plateau au relief relativement homogène, la sensation de plateau étant renforcée par l’absence de vues offertes pour apprécier la topographie.
Un habitat très peu présent
Le massif de Montjeu est très peu habité, l’habitat se concentrant principalement à Broye, où les maisons basses et allongées s’accrochent aux pentes et s’étagent dans les prairies. Les hameaux et fermes isolées sont nombreux, optimisant ainsi l’utilisation des espaces ouverts en combinant la proximité du bâti agricole et des prairies d’élevage. Les indentations de la vallée du ruisseau du Rançon découpe un peu plus le relief parcouru par des routes sinueuses desservant ces habitats isolés.
Une eau discrète
Sur le plateau forestier, l’eau n’est pas visible : les étangs de la Toison et Paillard sont les principales grandes surfaces en eau, mais à l’intérieur du domaine du château de Montjeu et donc non visibles de l’extérieur de ce domaine. Dès que l’on redescend du plateau vers la vallée de Broye, l’eau commence à apparaître et à marquer son passage dans le fond de vallée. Cette vallée reste cependant discrète et se fond dans une ambiance boisée.
SOUS-ENTITE PAYSAGERE : LE MASSIF D’UCHON
Une identité montagnarde façonnée par des phénomènes naturels
La géologie du secteur présente le massif d’Uchon comme une partie détachée du Morvan, séparée par la faille de l’Arroux. Ce massif granitique a été soumis à une érosion météorique qui menace les sols relativement pauvres, mais qui est à l’origine du principal attrait d’Uchon : les chaos granitiques. Son relief montagneux lui est donné par les fortes pentes et une altitude assez élevée (600m). Il domine les environs et le rend facilement identifiable par un manteau boisé. Par un climat bien arrosé, la dynamique végétale engendre un couvert omniprésent, qui protège le massif de l’érosion. En fonction de l’exposition, de la profondeur des sols et des altitudes, le massif offre une grande diversité de végétation.
Un repère facilement identifiable
Le massif d’Uchon forme un repère essentiel dans le paysage des bassins de Montceau, du Creusot et d’Autun. Sa perception par l’Ouest permet de distinguer les collines boisées qui barrent l’horizon. Le massif se détache nettement sur une matrice herbagère et bocagère, ponctuée d’arbres isolés ou de bosquets. A l’inverse, sa perception par l’Est est plus difficile, en tout cas dans son intégralité. Il est difficile de deviner les fermes adossées aux versants, le regard buttant sur les contrefort et nous dirige vers la partie Sud-Est où le champ de vision est plus large. Dans l’ensemble, le massif très boisé ne livre que très peu d’indice pour se douter de la présence de clairières et d’enclaves agricoles.
Une crête aux replats caractéristiques peu perceptibles
Ce massif de montagne culmine à 680m, mais le sommet offre des replats sous la forme de plateaux perchés où les blocs de granites affleurent. La forêt est omniprésente, mais des clairières agricoles encore bien entretenues permettent d’offrir une ambiance lumineuse contrastant avec l’ombre de la forêt. Ces clairières accueillent les villages, les hameaux et les dernières fermes en activité. Les murets en pierre sèche sont alors visibles et marquent les délimitations de parcelles ou accompagnent les chemins. Certaines ouvertures sommitales offrent des panoramas immenses sur la vallée, dont le plus connu est le Signal d’Uchon. Cependant, ces replats et ces ouvertures ne sont pas visibles depuis les piedmonts ou la vallée, masqués par la couverture forestière.
Des coteaux boisés et des piedmonts en évolution
Les pentes du massif sont assez fortes (environ 20%) et boisées pour la plupart. Ces coteaux renferment de nombreux chaos granitiques, rendus invisibles et inaccessibles par cette couverture forestière dense. Au pied de ces coteaux se trouvent les piedmonts, qui sont formés d’un bocage de petites prairies closes de haies hautes ou basses. Dès que la pente des piedmonts s’élève, les boisements prennent de l’importance, et l’impression forestière est renforcée par un maillage plus dense de haies plus hautes et touffues. Les piedmonts abritent les derniers vieux châtaigniers, isolés dans les prairies ou au sein des haies du bocage. Ils ponctuent le paysage, mais restent fragiles étant donné leur grand âge. Cette zone de piedmonts assure une transition entre la vallée et les coteaux, dont l’évolution entre prés et bois reste fragile.
Une forte diversité visuelle
Au-delà de cette organisation apparemment simple du paysage, le massif d’Uchon offre une grande diversité de couleur et de textures évoluant au fil des saisons. L’ambiance paysagère est ainsi modulée par ce jeu de lumière et de climat. Cette variabilité saisonnière des couleurs est une richesse qui accentue sa perception : elle forme des indices de la succession des saisons et donne une sens au temps.
Des lieux de vie animés par l’organisation du paysage
L’organisation de la vie sur ce territoire se fait autour des vallées et des routes qui le parcourent. On retrouve principalement en fond de vallées ou à flanc de coteau les routes qui permettent l’accès au massif. Les hameaux se sont donc installés dans les vallées ou au pied des coteaux, accédant ainsi à des conditions plus favorables pour l’agriculture. On les retrouve également au niveau des cols, points de passages obligés entre deux vallées. Cependant, l’activité humaine a profondément changé le paysage, notamment en introduisant des essences résineuses dans le massif forestier et en abandonnant ces parcelles enclavées et difficilement mécanisable : une dynamique globale de fermeture du paysage s’amorce.