Atlas des paysages Parc Naturel Régional du Morvan Retouner à la page d'accueil

La vache au pré

Panorama

DES TACHES BLANCHES DANS LE PAYSAGE

Très présentes dans les prés à cette saison les silhouettes blanches des vaches sont intimement liées aux prairies doucement vallonnées, ourlées de haies hautes ou basses et ombragées de grands arbres isolés.
Leur présence anime, rend vivant ce paysage parfois vide d’homme.
Les animaux se répartissent souvent sur un petit groupe de prés à flanc d’une « butte.
J'ai des lots de 20 à 40 vaches. Je les déplace d'un pré à l'autre, mais pour moi c'est facile, les parcelles sont peu morcelées. Un éleveur.
En été, les animaux sont aussi présents dans les fonds de vallons.
L'été, on laisse les mères s'accrocher dans les joncs mais les jeunes ont accès à un complément, voyez. Le but, c'est de la faire partir dans les premiers à l'automne. Les premiers lots (de broutards de 300 kg) partent à 6 000 F, les suivants autour de 5 500 F, les derniers vers 5 000 F.
un éleveur de l’ouest Morvan.

LE CULTIVATEUR ET SA VACHE CHAROLAISE

La vache au pré est un véritable archétype paysager, qui repose sur un modèle agricole unique. La pérennité de ce paysage soigneusement brouté repose donc sur une double filière: celle des ventes d’animaux bien sûr (essentiellement les animaux maigres), mais aussi celle des primes européennes qui assurent une grosse part du chiffre d’affaires annuel.
Sur notre commune, on a 15 cultivateurs, qui ont entre 20 et 150 ha. Tous font du Charollais, et un peu de culture pour le concentré. Un éleveur du sud Morvan.
Vers 2003, le seuil d'intensification de 1.4 UGB/ha (1) va peut-être être descendu à 1 UGB en zone de piémont comme ici, pour continuer à toucher la prime à la vache allaitante et la prime à l'extensification (300 F/ha, soit 45 €/ha). Un animal non primé n'est pas rentable. Pour moi par exemple, j'ai 80 vaches allaitantes sur 108 ha, dont 92 ha de SFP (Surface Fourragère Principale). Il me faudra descendre le chargement à 65 vaches, pour atteindre 1.2 UGB/ha. Un agriculteur du Nord Morvan.
(1) UGB Unité gros bovin. 1 UGB/ha correspond grossièrement à un chargement global, sur l’ensemble de l’exploitation, de 1 vache par hectare.

LE DEPART DES ANIMAUX A L’AUTOMNE

La présence du maquignon est discrète, mais les anneaux, qui hier servaient à attacher les animaux en vente les jours de marché, encerclent toujours la place du bourg. À l'automne, les camions à bestiaux sont nombreux sur les petites routes: l'hiver étant long, ils viennent chercher les jeunes animaux nés au printemps pour les abattre ou les faire engraisser ailleurs. Le goût des Italiens pour la viande de veau constitue un atout majeur de ces régions.
Y’a pas plus naturel comme élevage tant que les bêtes sont chez nous mais le comble c’est que les trois quarts des ventes, ça part pour être engraissé en batteries en Italie. Un éleveur.

LE PRE DU PAYSAN

Pour l’éleveur, un bon pré est celui qui a de l’épaisseur de terre saine: pas trop de joncs, tout en restant vert en début d’été. C’est aussi un pré placé à proximité d’une source d’eau ou, mieux encore, d’une mare abreuvoir.
Le problème autour du Crescent, c’est l’accès des bêtes à l’eau. Il faut faire des kilomètres avec les abreuvoirs. Un éleveur.

L’apparition de l’élevage Charolais dans le Morvan

Le Morvan vit sur sa réputation de pays naisseur des bœufs charolais engraissés dans les herbages des plaines périphériques. L’évolution a modifié ce schéma qui reste pourtant exact dans ses grandes lignes le pays est essentiellement vendeur de bêtes maigres.
La spécialisation du Morvan est liée au succès de la race charolaise introduite en Nivernais à la fin du XVIIIe siècle. Bêtes trapues aux membres assez courts, les Charolais de pure race se caractérisent par un dos horizontal très musclé, la côte ronde fondue avec l’épaule, la largeur des reins, des hanches et de la croupe ; la tête au front large reste petite. Ces bœufs à robe blanche se sont imposés par leur poids, la qualité de leur viande appréciée pour les rendements de la carcasse, le pourcentage des pièces à rôtir, la faible quantité de graisse. Longtemps la production charolaise a été assurée de trouver des débouchés certains sur les marchés urbains dont le nombre et les besoins allaient croissant. La race s’est peu à peu répandue dans la montagne, remplaçant la vieille race morvandelle très rustique — de couleur acajou clair — dont il restait encore quelques têtes au début du XXe siècle à Arleuf et à Fachin. Des zones bordières vers le centre, la progression aurait suivi celle du chaulage et aurait été liée à l’amélioration des prairies. Elle s’est faite surtout par croisement de la vieille race du pays avec des taureaux nivernais qui résultent eux-mêmes de croisements avec les Charolais.
La substitution a été d’autant plus facile que le bœuf blanc a pu être utilisé pour le trait grâce à son squelette solide sur lequel s’attache une puissante musculature. Jusqu’en 1945, vaches et bœufs effectuaient la majeure partie des travaux de traction ; (en 1960) encore on rencontre de nombreuses paires de bœufs mis en joug. Suffisamment rustiques pour résister au froid, ils ont une longévité assez grande qui enlève au cultivateur le souci financier de les renouveler souvent. Le vêlage régulier des vaches garantit la régularité des revenus. Depuis son introduction, la race a évolué et les bêtes morvandelles sont mieux sélectionnées.
L’élevage du Charolais en Morvan n’est qu’une maille dans la chaîne des pays spécialisés qui frangent au nord le Massif central de la Brenne à l’Auxois. Il fournit à ces pays bon nombre d’animaux maigres — chatrons et génisses de 2 à 3 ans, vaches de réforme. La spécialité de pays naisseur reste dans la tradition du pays si on en croit les chroniqueurs d’autrefois. G. Coquille signalait que «les marchands sont soigneux d’enquérir de quelle part vient le bétail qu’ils veulent engraisser et s’ils le mettent en l’herbe du plat pays et il vienne du Morvan, ils sont assurés de l’avoir incontinent gras et bon. Le décalage habituel chez cette race, entre l’élaboration de l’os et du muscle, et celle de la graisse est encore mieux assuré par le fait de paître l’herbe pauvre du Morvan pendant les deux premières années de la vie de l’animal. élevées dans un milieu difficile, les bêtes s’adaptent ensuite facilement et elles peuvent être envoyées dans les riches prairies du pourtour où elles sont prêtes en quelques mois pour la boucherie sans prendre trop de graisse. Alors que l’embouche s’installait dans les plaines de la dépression périphérique la médiocrité des prairies morvandelles devenait un atout l’élevage des bouvillons est apparu comme une chance inespérée, à ce pays habitué à la misère. L’espoir d’avoir trouvé une source de sécurité a donné à l’élevage du Charolais une importance que n’avait pas celui de la vieille race morvandelle. Le succès et la rigidité de ce type d’élevage l’ont perpétué. J Bonnamour, 1965

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00