Atlas des paysages Parc Naturel Régional du Morvan Retouner à la page d'accueil

Le petit bois carré

Panorama

UNE LENTE EVOLUTION DU PAYSAGE

Les petits boisements du Morvan correspondent souvent à une évolution insidieuse de l’occupation du sol par petites touches successives, au fil du temps et de l’entreprise individuelle. Rien à voir avec les opérations d’envergure sur tout un versant ou une montagne entière. La division des terres en de nombreux propriétaires de petites parcelles influence la gestion de ce territoire. La plantation de micro-boisements transforme le paysage, limite les vues, et dans certains cas cloisonne le paysage d’une clairière ou d’un hameau.
Le boisement en timbre-poste: Les petites parcelles carrées, sur d’anciens prés, ont des contours géométriques, durs, acérés qui rompent avec la rondeur générale de ce paysage. Le regard n’y pénètre pas. Un habitant

LE TEMOIN D’UNE DEPRISE AGRICOLE: UNE IMPLANTATION SUR LES VERSANTS BOCAGERS

Les boisements sont déjà présents sur les versants les plus pentus, aux terres plus ingrates. D’autres parcelles à proximité, moins facilement exploitables, se boisent en raison de leur isolement ou de leur forte pente. Ce sont souvent les résineux qui sont choisis ce qui rend ces petits bois plus visibles car ils rompent avec les lignes de force du paysage.

« Voyez ce carré de sapins de noël non coupés : ceux-là, le propriétaire les coupe petit à petit pour les éclaircir. Bien souvent, les propriétaires ne prennent pas la peine de les éclaircir. » Un maire

« Regardez ces trois sapins : ils nous bouchent la vue. Quand on a acheté cette maison, on voyait toute la vallée. On a cherché à en parler à la propriétaire, une femme âgée d'ici. On a fait appel au maire, aucun moyen. On a fini par ébrancher quelques branches basses pour au moins apercevoir le lac, mais la voisine a porté plainte ; on a été condamnés à 2 400 F (366 €) d'amende pour intrusion chez autrui et dégradation des arbres ! » Un résident secondaire.

Cette tendance n’est pas récente : J Bonnamour en parlait déjà en 1966 ; elle évoquait à l’époque les nuisances occasionnées aux parcelles agricoles contiguës.


"L’anarchie du reboisement durant les vingt dernières années a rendu le remembrement plus difficile. Les plantations des résineux en timbre-poste » au milieu des finages cultivés compliquent la tâche des responsables. Le souci des Parisiens d’investir à bon compte, les difficultés de se rendre dans une parcelle exiguë trop éloignée, la vogue du sapin de Noël, les bruits sur les aides de l’État, la mode aidant, tout a contribué à saupoudrer le parcellaire de carrés de résineux dont l’ombre portée, les racines, le lessivage compromettent les récoltes dans les champs voisins. Sur 25 communes qui avaient demandé la réglementation des boisements, en 1961 l’ingénieur en chef du Génie rural estimait à plus de 1 500 ha la superficie perdue par les plantations non rationnelles. Les mesures actuelles limitent le mal mais n’effacent pas le passé."
Jacqueline Bonnamour «Le Morvan, la terre et les hommes ».

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00