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Le bourg en belvédère

Des bourgs perchés visibles de loin

Les franges du Morvan sont ponctuées de villages « ambassadeurs » qui les bordent en hauteur : Rouvray, St-Andreux, Quarré-les-Tombes, St-Léger-Vauban, St-Martin-du-Puy, Lormes, Château-Chinon …
Adossés à une barrière boisée, ces bourgs et villages dominent de vastes territoires : on repère ainsi leurs clochers de loin.
Tous sont implantés à des carrefours de routes dont l’une est un axe d’accès au Morvan.

Des bourgs offrant de beaux points de vues

Leur implantation perchée leur permet d’offrir de beaux belvédères. Certains sont soulignés d’un réseau remarquable de murs en terrasses entourant maisons et jardins.
Leur situation élevée les rend très sensibles à toute évolution du bâti : le maintien de la structure groupée qui fait tout leur charme exige l’arrêt de l’urbanisation « en doigt de gant » amorcée le long des axes routiers et nécessite la création de nouvelles rues concentriques autour des villages.

QUAND DES AUTEURS PARLENT DU BOURG PROMONTOIRE

Extraits de « Histoire de la campagne française »de Gaston Roupnel , 1932, Grasset.

Le village de cime, lui aussi, exploite plutôt une situation privilégiée qu’un territoire fertile. Mais le privilège est ici la sûreté des lieux plus que leur avantageuse commodité.
Nous savons quelle préférence l’ancienne humanité a eu pour les lieux élevés. Le village de sommet est moins une exception qu’une règle. On le trouve partout Il n’est pas une colline isolée, une motte conique, un tertre important, un belvédère naturel, qui ne porte son village encore actuel, ou ne livre les ruines d’une antique occupation humaine.
Sur ces sites élevés, le néolithique trouvait la double sécurité. Le village, érigé sur ces pentes roides surmontées de murailles, y était une citadelle, d’où s’exerçait la vigilante surveillance d’un panorama partout libre et d’un territoire dépouillé.

Nulle surprise n’était è craindre. Sur ces sommets entourés de claires solitudes, l’homme ancien a connu les quiétudes de la sécurité, peut-être les orgueils de la domination. Et sur ce site de rocher, le lien social se fortifia de la force des lieux.
Cette origine a donné au village perché son caractère particulier. Son plan est du type le plus simple. Le centre d’attraction est ce sommet où s’érigera plus tard un castrum. Sur cette cime dépouillée comme une place d’armes, aboutit un chemin circulaire le long duquel se sont disposées les habitations. Ces demeures, restées fidèles à leurs dimensions primitives, rappelaient par leur exiguïté le temps où le clan des chasseurs y trouvait son abri. Comme pour témoigner de cette tradition, les maisons se rassemblent et se tassent au plus haut de la pente. Il fut facile ainsi à cette agglomération sans ampleur, resserrée sur son roc et sa cime, de s’entourer plus tard d’une muraille qui semblait continuer et achever l’abrupt des pentes. Sur cette cime sans eau et dans ce village-citadelle, l’agriculture a dû prendre le pas dès les origines sur l’élevage ou la vie pastorale. Les espaces conquis sur les bois furent livrés aux labours plus qu’aux troupeaux. Et ces sites perchés, ces nids d’aigle, ont peut-être été ainsi les lieux de départ de toute l’histoire des champs, des lieux d’où sont descendus les premiers sillons, et où l’homme a commencé son oeuvre sur la terre.

Encore maintenant, nous l’avons vu, de vastes campagnes dépouillées entourent souvent ces antiques forteresses rurales. Mais souvent aussi, l’œuvre a débordé l’ouvrier. Ces vastes territoires agricoles ont difficilement pu continuer à recevoir leur exploitation du haut de ce sommet et de ces demeures perchées à l’étroit du rocher. Le village n’a pu se maintenir qu’en se transformant. Il a dégarni la cime dont le seigneur prendra plus tard possession; et il a bâti et peuplé les pentes inférieures. Par ailleurs, il a abandonné le site lui-même; et le villageois est descendu vers les sources y construire è neuf, y construire en grand, y vivre de ses troupeaux autant que de ses labours.
Le village disparu a laissé ses traces. Une sinueuse ligne de buissons y circule et y gravit. Maisons et jardins ont laissé leurs vestiges emplis de ronces et d’orties. La Nature elle-même a renoncé ces lieux dont l’homme fit usage et fit abus. Mais tels qu’ils sont dans leur abandon sauvage, ces lieux savent montrer et parler à qui les sait voir et entendre.

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00