Atlas des paysages Parc Naturel Régional du Morvan Retouner à la page d'accueil

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Habiter le Morvan toute l'année

PASSER L’HIVER AU PAYS

Le paysage d’hiver est rude, mais il est riche en sensations.
Passer l’hiver sur place, témoigne de la part d’un nouvel habitant le début de l’adoption du pays.
« Le Morvan, c'est tantôt le paradis, tantôt l'enfer, selon les saisons. J'aime ce double visage. L'été, c'est souriant. L'hiver, ça devient austère, glauque, pris dans le brouillard. Les forêts, on dirait qu'elles sont mortes. Ma première impression, c'était St Brisson, en septembre: "je ne vivrai jamais là !" en voyant la pluie, les sapins noirs... » Une jeune femme récemment installée.

« L'hiver est un peu rigoureux. Mais quand tu vois la brume dans la vallée, toi tu es au-dessus, c'est beau. Le plus beau c’est le givre l’hiver ». Une éleveuse..

En savoir plus : quand des auteurs parlent de l’hiver en Morvan

« L’hiver âpre et long peut débuter après les grandes pluies de l’automne et se prolonger tardivement quand le printemps a déjà fait éclater les bour¬geons dans les plaines bordières. Il donne au climat du Morvan ses affinités montagnardes. C’est la saison où les pluies quand elles n’entraînent point dans les fonds la mince couche de terre arable, transforment le sol en boue. L’humidité favorise les insectes, les mulots et les mauvaises herbes, mais interdit les labours et les fumures. La gelée soulève, égrène la terre et la rend semblable à du gros sel. Elle déracine les pousses tendres des jeunes blés. Le bétail maigrit dans les étables trop étroites. Tardif et brusque, le printemps ne commence souvent qu’en mai. Les jonquilles tapissent encore les prairies marécageuses du Morvan quand elles ont disparu des bois parisiens depuis 4 ou 5 semaines. Tantôt humide, tantôt sec, il est surtout marqué par des retours sévères de gels qui noircissent les premières feuilles des pommes de terre plantées trop tôt. L’été est sec et chaud. Sa durée est normale. La concentration de la chaleur dans les vallées est souvent pénible. Les orages peuvent apporter des pluies notables et les années sèches, alors que l’argile se fendille dans les mares des pays liasiques d’alentour, le Morvan apparait comme un pays verdoyant. De grosses pluies annoncent l’arrivée soudaine de l’automne caractérisé par des écarts brusques de températures. Le matin, les brouillards fréquents couvrent de leurs teintes grisâtres le fond des prairies. Tandis que le soleil illumine sur les hauteurs les dernières frondaisons de la forêt, une masse de vapeurs condensées, blanche comme la neige, ensevelit la vallée qui se déroule en contrebas. » Telles se succèdent les saisons en Morvan.
Extrait de < Le Morvan, la terre et les hommes >, Jacqueline Bonnamour, 1966, p. 287-289

VENIR OU REVENIR EN MORVAN

Dans le gradient entre gens de souche et gens de passage, une bonne part de la population se situe entre les deux. L’installation en âge d’activité professionnelle reste peu fréquente ; dans certains secteurs, l’installation de nouveaux retraités permet de maintenir un paysage habité. Tous semblent accorder de l’importance à cette grille de lecture sociologique et trouvent de nombreuses occasions de l’exprimer dans leur rapport au paysage, en privé comme en public.

Mis à part quelques panoramas et quelques sites de vitrine, il semble se dégager un consensus pour que, même en matière de paysage, la plupart des trésors restent à demi enfouis, et que la connaissance d’un habitant local reste un passage obligé pour accéder à ces petits trésors de paysage, de patrimoine.
« Il y peu de jeunes d’ici. Les jeunes, ce sont surtout des néos ». Un artisan de trente ans originaire de l’Isère.
« On s’est installé avec des chèvres en 1971. Au début, ça passait mal. Il y avait beaucoup de contrôles de flics sur les gens de passage. On avait réussi à avoir un bail chez trois vieilles filles. »
Une éleveuse originaire de la Nièvre.
« Ici l’hémorragie démographique semble stoppée mais la population traditionnelle ne représentera bientôt même plus la moitié du total... » un élu.
« A Brassy, on est fier de ne pas avoir perdu d’habitants au dernier recensement ». Un élu.

S’INSTALLER POUR LA RETRAITE

La plupart des installations et des retours au pays aujourd’hui, ne s’effectuent que passé l’âge de la retraite. Pour ceux qui anticipent leur retraite, la rénovation d’un vieux bâtiment de ferme se fait à l’échelle d’une ou plusieurs décennies. On agit progressivement, on se donne du temps, on cherche des arrangements en tissant des liens de voisinage.
« J’ai vécu ailleurs en Bourgogne. J’avais une grand-mère morvandelle ; j’y passais mes vacances d'enfant, je pêchais avec des anciens. J’y ai acheté cette maison secondaire, et je m’y suis installé à la retraite. » Un homme de 65 ans.

« Attention, pour votre atlas : il faut vous souvenir que les Morvandiaux de la "diaspora"; ce sont ceux qui réagissent le plus aux évolutions lentes, aux changements du paysage. C’est le problème du vieux qui revient sur les terres qu'il a connues jeune. Ici comme ailleurs, les estives sont plantées; les paysages d'hier ont disparu, comme les fromages. » Un retraité morvandiau.

RESTAURER UNE HABITATION

Jusqu’aux années 1980, même avec des moyens limités, il était possible de s’installer en Morvan.
« On voulait vivre à la campagne, tranquille, pas cher, mais nous avons connu l'enfer pour trouver quelques terres, une maison. On a attendu 1 an, et on s'est installés avec 1/2 SMI (Surface minimale d’installation pour un agriculteur). » Un agriculteur « néo ».
Le parc de maisons peu occupées est important, mais les maisons mises en vente restent rares ; il est souvent nécessaire de les décrocher par relation. Il arrive que le repreneur en vienne à faire œuvre de diplomatie pour persuader le dernier frère à laisser vendre la maison des grands-parents.
« On a quand même réussi à retaper une vieille maison pour pas cher. On l'a décrochée pour 160 000 F, avec 1.5 ha. On a emprunté 250 000 F.On l'a obtenue à cause d'un problème d'indivision; une famille d'ici. Il y avait une grosse bagarre entre frères, plusieurs voulaient vendre, l'autre non. En fait, on a fait un gros boulot de médiation entre eux, ça nous a pris beaucoup de temps, mais il a fini par accepter. » Un jeune couple installé en Morvan en 1995.
« On cherchait en Bourgogne, on ne connaissait pas le Morvan. Nous avons prospecté d’abord vers Beaune ; ça s’avérait difficile, et on a cherché jusqu’à Vézelay puis, de là, dans la région d’Avallon. Là, un hôtelier sympa nous a branchés sur cette affaire à reprendre. » Un couple d’hôteliers du nord Morvan.

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00