Atlas des paysages Parc Naturel Régional du Morvan Retouner à la page d'accueil

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Pénétrer en Morvan

Les premiers contrastes

D’où que l’on vienne, pénétrer en Morvan est une sensation forte. Quittant l’un de ces « bons pays » bourguignons où le ciel embrasse l’horizon à travers un jeu croisé de plans et d’arrière-plans lointains, où les pentes sont franches et lisibles, la terre granitique se rappelle à nous. Cela commence par une route se mettant à tourner dans un jeu de pentes qui se croisent et s’entrecroisent. La vue se resserre par à-coups jusqu’à se refermer par instants dans le couloir d’un sous-bois. Les premiers plans se densifient : haies basses, haies hautes, barrières. L’œil plonge à travers la fenêtre d’une entrée de champ, embrasse le versant qui lui fait face, se recentre sur le prochain virage. Les villages qui rythmaient les plaines alentour disparaissent au profit de bâtisses d’aspect modeste dont le portail d’entrée surgit au détour d’un virage. L’échelle se réduit, dépassant rarement le kilomètre. L’horizon s’élève et bientôt, une crête boisée le referme entièrement. L’hiver, la brume envahit les fonds de vallon.

Le dépaysement

Ces paysages sont un défi au sens de l’orientation. Arrive inévitablement un moment où rien n’existe plus que la clairière alentour ; impossible de savoir où passe le ruisseau, par où entrer ou sortir de cet espace confiné.
L’amateur de paysages « simples et clairs » est mis à l’épreuve : même s’il parcourt ce paysage d’une clairière à l’autre, tout résiste à la synthèse.
Au premier coup d’œil, les clairières se ressemblent toutes un peu ; les principes fondateurs qui, ailleurs, ont su dessiner une cohérence bien lisible semblent avoir abdiqué.

Un lien ténu avec l’extérieur

Dans ces paysages « intérieurs », le lien avec l’extérieur prend une importance particulière. Chacun a son itinéraire pour entrer et sortir du massif. Pour ceux qui connaissent l’histoire locale, la rivière, et jusqu’à l’étang de flottage au fond de la forêt, restent symboliquement tournés vers la ville.

Le réveil des sensations

Pour l’amateur d’anecdotes, au contraire, ces paysages sont une manne de sensations fortes et variées. Au premier abord plutôt chaotique, désordonné, il se révèle par petites touches et fait appel aux sensations plus qu’à l’intellect.
« Les prés au bord du ruisseau, je n’irais pas m’y balader s’il ne fait pas soleil. Mais dès qu’il y a un rayon qui fait briller l’herbe, c’est superbe ». Un habitant randonneur du secteur de Brassy.
Comme si chaque clairière résultait d’une combinaison spécifique entre les multiples pentes et contre-pentes qui aurait tiré au sort les hésitations du ruisseau, la place imprévisible de la forêt, la position du hameau, et jusqu’à la place d’une entrée de champ au bord du chemin. Ici, l’aléa est roi, multiplie les petites surprises à l’infini ; le regard devient humble, attentif, amusé. l’oreille est aux aguets ; elle devance souvent l’œil pour deviner la présence du ruisseau, de l’oiseau, de la route.
« E v’non s’laver lai tête chez nous. Ai se r’mettons les idées en place, quand lai vie nous ont trop ébeurladées (mis la tête à l’envers). » Un morvandiau, d’après un texte de C Pichot.

Parc naturel régional du Morvan, Maison du parc 58230 SAINT-BRISSON tél: 03.86.78.79.00